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Le rôle trouble des syndicats

Le SIT et la SPG ont toujours pris la défense des employés du foyer genevois pour enfants autistes, alors qu’une partie d’entre eux étaient accusés de maltraitances

SERGE MICHEL @SergeMichel_

Plusieurs enquêtes, administratives ou pénales, parviendront peut-être à établir les responsabilités dans la dérive du foyer spécialisé de Mancy à Genève, où plusieurs éducateurs et infirmiers, hommes et femmes confondus, ont commis de graves maltraitances sur des enfants autistes, comme l’a révélé l’enquête du Temps et de Heidi. news. Il est cependant un acteur dont le rôle échappe à l’attention: les syndicats. En l’occurrence le SIT, Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs, et la SPG, Société pédagogique genevoise. Dans des documents que Le Temps et Heidi. news ont pu consulter, les responsables syndicaux prennent systématiquement la défense des employés du foyer, même ceux ayant eu des comportements problématiques.

«Nous demandons que les éléments retenus à l’encontre du personnel dans des entretiens de service soient supprimés des dossiers, voire qu’une note spécifique soit portée par le DIP au dossier assurant que ces situations relèvent des dysfonctionnements constatés au niveau du management du foyer de Mancy», écrivent Olivier Baud (SPG) et Françoise Weber (SIT) le 29 juin 2021 à la secrétaire générale du DIP, Paola Marchesini.

«Nous avons assuré notre rôle d’accompagnement du personnel et de nos membres, déclare Françoise Weber. Les accusations portées à leur encontre, dont j’ai eu connaissance, concernaient surtout des dysfonctionnements institutionnels. L’OMP [l’Office médico-pédagogique, dont dépend le foyer de Mancy] accusait le personnel de dysfonctionnements globaux. Nous assumons évidemment nos écrits syndicaux. Nous avons alerté les directions sur les difficultés de ce foyer et interrogé les directions sur les moyens alloués.»

«Trop facile de chercher des boucs émissaires»

Cette insistance sur un «manque de moyens et de personnel» est contredite par de nombreux collaborateurs estimant que le foyer, malgré un bâtiment vétuste et pas toujours adapté, était au contraire très bien doté: plus de 25 postes pour 8 enfants. Ce sont davantage les pratiques d’un «noyau dur» d’éducateurs, inscrites dans un rapport de force permanent avec les enfants, qui sont pointées – ce que les syndicats ne veulent pas entendre. «C’est trop facile de chercher des boucs émissaires en s’en prenant sans nuance au personnel, dit Françoise Weber. Nous avons relevé des besoins de formation spécifiques et surtout la nécessité de déterminer des rôles et mandats de l’OMP.» A travers la pression exercée sur le DIP, les syndicats semblent avoir ralenti les enquêtes sur les maltraitances qui ont été commises et découragé – pour l’instant – le département de sanctionner des faits pouvant se révéler pénaux. «Nous demandons que le personnel qui doit être nommé cette année ne soit pas prétérité par la situation confuse au foyer de Mancy», écrivent-ils à Paola Marchesini à propos d’employés qui, au terme de deux années probatoires, doivent être titularisés comme fonctionnaires. Or certaines de ces personnes sont justement accusées de maltraitances. ■

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2022-01-28T08:00:00.0000000Z

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