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Jacqueline de Quattro et son ex-bras droit chez Securitas

VAUD L’ancienne conseillère d’Etat et son secrétaire général de l’époque se retrouvent dans la même entreprise

CAMILLE KRAFFT @CamilleKra

Il l'a servie avec loyauté, elle l'a toujours défendu publiquement. Tous deux avaient quitté le Département vaudois du territoire et de l'environnement fin 2019. Elle pour rejoindre le Conseil national, lui suite à «de profondes divergences de vues» avec certains de ses collaborateurs sur le fonctionnement de son service, qui avaient mené à l'ouverture d'une enquête administrative. L'ex-conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro et son secrétaire général de l'époque, Nicolas Chervet, se retrouvent dans la sécurité privée, après avoir été actifs dans son pendant public.

La première est entrée au Conseil d'administration de Securitas AG en août 2020. Elle explique y avoir siégé dès l'automne de la même année. Engagé comme responsable des services généraux (Leiter management service), le second a rejoint la même entreprise en février 2021, après un long processus de recrutement. Son nom a été ajouté récemment au Registre du commerce.

Les deux assurent que leurs arrivées rapprochées sont le fruit du hasard, ce que confirme Securitas par le biais de son porte-parole, Urs Stadler. «J'ai déposé ma candidature via une offre spontanée début 2020, bien avant d'apprendre que Mme de Quattro figurait parmi les «papables» pour le Conseil d'administration, explique Nicolas Chervet. On ne peut pas m'accuser d'être entré par la petite porte.»

Interrogée en tant qu’ancien employeur

La conseillère nationale PLR raconte quant à elle avoir été contactée par la direction de Securitas alors que des discussions étaient en cours sur son entrée au conseil d'administration. «Le directeur m'a questionnée sur M. Chervet en tant qu'ancien employeur. J'ai dit que son style de gestion du personnel avait été critiqué par certains, mais qu'il était impeccable du point de vue des compétences. Je ne savais pas qu'il était intéressé par un poste à Securitas. Il n'avait pas besoin de moi pour trouver un bon travail.»

Jacqueline de Quattro a été ministre de la Sécurité du canton de Vaud de 2007 à 2014. Elle voit dans son implication au sein du conseil d'administration de Securitas une occasion de «jeter des ponts» entre sécurité publique et privée. «Lors des grandes manifestations, on ne peut plus composer sans les acteurs privés. Lors du sommet Biden-Poutine par exemple, ils représentaient 30% des forces en présence. Pour moi, le réseau privé devrait être intégré à notre réseau national de sécurité.» Pour la conseillère nationale, l'accent doit être mis sur une formation de base certifiée pour les employés des entreprises privées.

Avocat de formation

Avocat de formation, Nicolas Chervet a été le responsable juridique de la réforme policière du canton de Vaud, avant de devenir commandant remplaçant et chef des opérations de la gendarmerie de 2009 à 2013. Il a ensuite dirigé le secrétariat général de Jacqueline de Quattro, d'abord au Département de la sécurité et de l'environnement, puis au Département du territoire et de l'environnement. Avant son départ fin 2019, Nicolas Chervet était pressenti pour succéder à l'actuel commandant de la police cantonale, Jacques Antenen, proche de la retraite.

«Indépendamment de ce qui m'est arrivé, j'avais envie de retourner dans le privé. Le poste que j'occupe actuellement est un concentré de ce que j'aime faire, avec une dimension nationale», explique Nicolas Chervet, qui précise avoir informé Securitas avant son engagement des circonstances de son départ du canton.

Condamné suite à un accrochage

En 2014, des cadres avaient saisi le groupe Impact, spécialisé dans les cas de mobbing et de harcèlement, au sujet de Nicolas Chervet. Les griefs faisaient état notamment d'un comportement autoritaire. La démarche était restée sans suite. Mais en octobre 2019, le quotidien 20 minutes avait révélé la condamnation du haut fonctionnaire à une contravention pour violation des obligations en cas d'accident. Un an plus tôt, il avait donné de fausses coordonnées après un accrochage dans un parking.

La médiatisation de cette affaire avait mené à de nouvelles révélations sur les dysfonctionnements au sein du secrétariat général. Le Conseil d'Etat avait ouvert une enquête administrative dans la foulée. Après avoir pris connaissance des conclusions, Nicolas Chervet avait quitté ses fonctions.

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2021-12-07T08:00:00.0000000Z

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