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Pour une politique climatique de progrès

VINCENT MAITRE CONSEILLER NATIONAL LE CENTRE (GE)

Interruption du trafic routier au Gothard en plein week-end pascal, saccage d’un golf en pleine nuit, irruption lors d’une émission de télévision relatant les résultats démocratiques du choix du peuple souverain d’un canton, les militants extrémistes de la cause climatique ne cessent de faire la une de nos médias, avec des actions coups-de-poing, au mépris total de l’Etat de droit. Le tout accompagné d’un discours aux accents très apocalyptiques sur la fin du monde et, in fine, nihiliste car totalement démobilisateur.

Alors que la question climatique devrait faire l’objet d’un large consensus et la mobilisation pleine et forte de l’ensemble du corps social, elle risque de subir un véritable backlash qui pourrait s’avérer fatal pour la planète, et ce, alors que la Suisse est particulièrement touchée par les changements climatiques et fortement exposée à certains risques comme les laves torrentielles, les crues et les chutes de pierres comme l’illustre l’exemple récent de la commune de Brienz dans le canton des Grisons.

Dans ce contexte, il y a urgence à agir concrètement. C’est le sens de la loi climat soumise à votation le 18 juin prochain qui définit une méthode et des objectifs pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.

Le cadre proposé est celui d’une politique climatique reposant sur l’innovation technologique et la fin de notre dépendance énergétique aux énergies fossiles; soit une écologie de croissance et de progrès, loin des chimères de la décroissance qui ne ferait que nous appauvrir collectivement et rendrait impossible tout financement de la transition écologique.

A l’opposé des interdits, taxes et impôts dont le peuple a signifié clairement son rejet il y a deux ans, la nouvelle loi repose sur deux grands axes d’investissements publics.

Tout d’abord, un programme de remplacement des chauffages et de rénovation des bâtiments. Les propriétaires recevront un soutien financier supplémentaire de 200 millions de francs par an pendant dix ans pour remplacer leur chauffage au mazout, au gaz et électrique. L’assainissement des bâtiments sera encouragé pour améliorer l’efficacité énergétique. A l’opposé de ce que tentent de faire croire les opposants, ces mesures entraîneront une réelle réduction des coûts pour les propriétaires et une baisse des charges pour les locataires.

La loi prévoit également un soutien de l’ordre de 200 millions de francs par an pendant six ans pour les entreprises industrielles et artisanales qui utilisent des technologies innovantes en faveur de la transition climatique. Elle encouragera ainsi le développement de techniques industrielles bénéfiques pour le climat et renforcera la compétitivité des entreprises suisses souvent à la pointe en matière de technologie de décarbonation. Il y a là un enjeu industriel fondamental alors que certains de nos concurrents investissent massivement dans ce secteur.

Enfin, la loi ouvre la voie vers plus d’indépendance énergétique vis-à-vis des énergies fossiles et ainsi renforce notre sécurité énergétique en limitant fortement notre dépendance à l’égard de certains Etats comme la Russie et de l’Azerbaïdjan. Il s’agit là d’un sujet géostratégique essentiel pour notre pays dans le contexte géopolitique actuel.

La politique tracée dessine une action climatique reposant sur le progrès scientifique et la justice sociale, en veillant à ne pas défavoriser financièrement les populations issues de milieux ruraux ou socialement défavorisés. Elle propose surtout un chemin et une méthode. A l’opposé des discours apocalyptiques et des actions illégales de certains militants qui démobilisent les ambitions collectives, clivent le corps social et nous font finalement perdre du temps, elle permet à notre pays et notre planète de s’assurer un avenir climatique serein. Elle redonne enfin foi individuellement et collectivement à la notion de progrès, seule à même de relever le grand défi environnemental des prochaines décennies. ■

Chaque mardi, «Le Temps» donne tour à tour la parole à six politiciens romands de différents partis et cantons.

La politique tracée dessine une action climatique reposant sur le progrès scientifique et la justice sociale

Débats

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2023-06-06T07:00:00.0000000Z

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