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Après le drame d’Yverdon, une meilleure prévention réclamée

Dans une interpellation au Grand Conseil, la députée Mathilde Marendaz soulève la question du contrôle des armes à domicile

CÉLINE ZÜND @celinezund

Le 9 mars, un homme tue son épouse et leurs trois filles avec une arme à feu, avant de déclencher l’incendie de leur domicile familial et de se suicider, à Yverdon. C’est l’hypothèse privilégiée par la police et le Ministère public après la découverte de cinq corps marqués par des impacts de balle, dans une maison en feu, rue du Valentin.

Alors que l’enquête judiciaire se poursuit, des premières questions émergent au Grand Conseil vaudois. Dans une interpellation déposée hier, l’élue d’Ensemble à gauche Mathilde Marendaz réclame au Conseil d’Etat un examen du dispositif en place pour prévenir ce type d’actes, soit la loi vaudoise d’organisation de la lutte contre la violence domestique (LOVD).

L’élue pointe entre autres les armes à domicile: «Le Conseil d’Etat prévoit-il une révision de la LOVD avec une disposition de contrôle plus élevée des individus en possession d’armes, en vue de prévenir et éviter d’autres drames?», demande-t-elle.

Adoptée en 2017, la LOVD prévoit des mesures d’éloignement pour les auteurs de violences et leur impose un entretien avec un service spécialisé, en cas d’expulsion du domicile par la police. Lors des débats qui avaient précédé son adoption, il avait déjà été question de permettre à la police de confisquer les éventuelles armes retrouvées chez une personne interpellée pour des violences domestiques. Or, cette proposition de l’ancien député vert au Grand Conseil Christian van Singer avait été écartée par la majorité des élus, qui la jugeait inutile puisqu’une directive de la police cantonale ainsi que la loi fédérale sur les armes prévoient déjà la possibilité de séquestrer des armes à la suite de menaces ou d’une infraction. A noter que dans le cas d’Yverdon, on ignore à ce jour si l’auteur des meurtres avait déjà fait l’objet d’un quelconque signalement avant les faits.

«Nommer correctement les faits»

Dans son interpellation, Mathilde Marendaz appelle de ses voeux une enquête, pour examiner s’il aurait été possible de détecter une menace «avant qu’il ne soit trop tard» et si les institutions ont «failli» à protéger cette famille. Voisine directe de la famille décédée, l’élue se dit particulièrement touchée par les événements «vécus de près», tout en soulignant leur portée plus large: «Je soulève des questions que se posent de nombreuses personnes aujourd’hui.»

Son interpellation demande aussi la création d’un Observatoire cantonal des violences sexistes et sexuelles, la mise sur pied d’une ligne téléphonique joignable toute l’année 24h/24 et une meilleure formation des professionnels. Elle critique enfin l’usage du terme «drame familial», par la police. «Pour combattre un phénomène de violence inégal et historique, on doit pouvoir le nommer correctement. Un meurtre commis par un homme contre une femme, cela s’appelle un féminicide.»

En Suisse, chaque année, en moyenne, 25 personnes meurent des suites de violences domestiques, dont quatre enfants, selon des chiffres de l’OFS récoltés entre 2009 et 2021. Sur les 329 homicides commis entre 2009 et 2018, 74,8% des victimes sont des femmes et filles et 25,2% des hommes et garçons. ■

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2023-03-22T07:00:00.0000000Z

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