Le Temps epaper

«La Suisse est reconnue en Europe comme un voisin responsable»

Nicolas Bideau, porte-voix du DFAE, explique pourquoi la Confédération attache autant d’importance aux questions liées à l’eau et le rôle qu’elle veut jouer sur la scène internationale

PROPOS RECUEILLIS PAR S. BU.

«Avec Blue Peace, il s’agit de voir l’eau comme un vecteur de paix et de coopération»

Responsable de la communication du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), l’ambassadeur Nicolas Bideau décrit l’importance de la conférence de New York à laquelle le conseiller fédéral Ignazio Cassis devait participer avant d’y renoncer en raison de l’affaire Credit Suisse.

Qu'attendez-vous de la Conférence de l'ONU sur l'eau

à New York? La Suisse attend que le Plan d’action sur l’eau, qui doit résulter de cette conférence, permette d’atteindre les cibles de l’Objectif de développement durable no 6: une eau propre et accessible pour tous. La Suisse demande également la nomination d’un envoyé spécial sur l’eau ainsi que l’inscription durable de la thématique de l’eau dans les priorités de l’ONU. Cette ressource joue en effet un rôle fondamental pour toutes les dimensions du développement, de la santé, de la paix et de la prospérité. En ces temps troublés et instables, le monde a besoin d’une bonne gouvernance mondiale dans le domaine de l’eau.

A propos de Blue Peace, quelle philosophie sous-tend cette politique

de paix poursuivie par la Suisse? Blue Peace est une initiative lancée par le DFAE en 2010. Il s’agit de voir l’eau comme un vecteur de paix et de coopération. Et non comme une source de conflit. Pour ce faire, notre pays met à profit trois domaines dans lequel il dispose d’une solide expérience: l’eau, la diplomatie et la coopération au développement. Point central de cette initiative: la gestion transfrontalière de l’eau, qui contribue à favoriser cet objectif de paix. Avec Blue Peace, la Suisse travaille tant au niveau local, national que régional afin que les pays concernés discutent et s’accordent sur une meilleure gestion de leurs ressources hydriques.

Quelle expérience de l'eau la Suisse peut-elle faire valoir à l'ONU pour

résoudre des conflits liés à l'eau? Tout d’abord, il faut souligner que la Suisse est active à l’international dans le domaine de l’eau depuis plus de cinquante ans. L’Objectif de développement durable numéro 6 est en grande partie le résultat du travail de plaidoyer de la Suisse au sein de l’ONU. Cet engagement est notamment dû à notre grande expérience dans le domaine sur le plan interétatique. Partageant six cours d’eau et quatre lacs avec ses pays frontaliers, la Suisse met à disposition sa propre expérience en matière de coopération. Elle l’a notamment acquise au sein de la Commission internationale pour la protection du Rhin, qui vise à concilier les multiples intérêts en termes d’usage et de protection dans le bassin rhénan.

Quelles solutions techniques et stratégiques la Confédération propose-telle? La Confédération utilise plusieurs leviers pour proposer des solutions techniques et stratégiques dans le domaine de l’eau. L’un d’entre eux est l’initiative Blue Peace. A l’international, la Suisse s’engage aussi à fournir de l’eau potable et des installations sanitaires, en particulier dans les pays en développement. Elle le fait en soutenant des ONG suisses dans douze pays d’Afrique et d’Asie. Des partenariats entre les services des eaux de villes suisses et africaines sont également organisés, par exemple entre Hawassa (Ethiopie) et Lugano. Par ailleurs, la Suisse favorise une utilisation plus durable de l’eau. Elle soutient des PME qui luttent contre la pollution des eaux douces dans la région du Mékong.

En tant que château d'eau de l'Europe, quelle est la responsabilité de la

Suisse? La Suisse est reconnue en Europe comme un voisin responsable et un acteur engagé depuis des décennies dans l’accès et l’assainissement de l’eau, la gestion des ressources aquatiques et la coopération transfrontalière. La Suisse dispose de l’expertise, de l’expérience pratique et de l’esprit d’innovation nécessaires pour développer de nouvelles solutions transformatrices pour les décideurs politiques locaux, nationaux et mondiaux. Il s’agit aussi d’un droit moral et légal pour la Suisse. En effet, les droits de l’homme à l’eau et à l’assainissement sont reconnus comme un droit distinct par l’Assemblée générale de Nations unies depuis 2010.

Eclairage

fr-ch

2023-03-22T07:00:00.0000000Z

2023-03-22T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281629604512916

Le Temps SA