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«Mère Teresa et moi», la sainte et l’orpheline

Dans un film hors circuit mais pas ridicule, le Veveysan d’origine indienne Kamal Musale teste nos a priori

N. C. Mère Teresa et moi (Mother Teresa & Me), de Kamal Musale (Suisse, Grande-Bretagne, Inde, 2022), avec Banita Sandhu, Jacqueline FritschiCornaz, Deepti Naval, Bryan Lawrence, Kevin Mains, 2h02.

Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un film anglophone réalisé par un Suisse sans le moindre soutien officiel (RTS, Cinéforom, OFC) et qui tient la route. Mère Teresa et moi, du Veveysan d’origine indienne Kamal Musale, est cette rareté, financée par des fonds privés, qui suscitera à coup sûr pas mal de condescendance dans le milieu. A tort. Comme Colombine de Dominique Othenin-Girard le mois dernier, cette tentative de cinéma grand public plutôt que confortablement subventionné a quelque chose de rafraîchissant malgré ses naïvetés. Et il n’est pas interdit de le préférer à certains exercices scolaires, politiquement corrects et dévitalisés à force d’être passés par telle ou telle commission.

Deux récits réunis

L’idée de l’auteur, qui signe aussi le scénario, est de mettre en parallèle la crise d’une jeune chanteuse anglo-indienne, tombée enceinte d’un ami musicien à Londres, et la perte de foi qu’a connue Mère Teresa à Calcutta, révélée par sa correspondance après sa mort. Le scénario alterne entre scènes d’aujourd’hui, qui voient la jeune Kavita retourner en Inde pour échapper à sa famille, et d’autrefois, qui racontent la vocation de la fameuse soeur albanaise au chevet des mourants. Dès lors, il s’agira bien sûr de réunir les deux récits pour que se réalise une forme de transmission, une libération spirituelle. Mais comme c’est réalisé avec un certain panache et fort bien interprété par les deux actrices principales, la sauce prend.

Doute profond et don de soi

Mieux, si on craint un moment le faithbased movie (genre qui gagne du terrain aux Etats-Unis, sans passer les frontières) à message anti-avortement, le film s’avère heureusement plus subtil que ça. Il y est question de traditions étouffantes et d’aspiration à la liberté, de doute profond et de don de soi, le tout lié d’une manière qui peut parler à tout un chacun. Du coup, ce n’est pas pour quelques moments trop kitsch ni même une conception qui n’a plus vraiment cours qu’on va juger un film aussi généreux. On lui souhaite plutôt une jolie carrière internationale, pas du tout exclue.

Culture

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2022-12-07T08:00:00.0000000Z

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