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L’équipe de Suisse, d’un exploit au suivant

LIONEL PITTET @lionel_pittet

La Nati a battu l’Espagne chez elle samedi en Ligue des nations, après avoir éliminé la France à l’Euro et devancé l’Italie lors des qualifications pour la Coupe du monde. Ces exploits sont la marque d’une équipe qui grandit, parce qu’elle est en position de le faire

Cela faisait près de quatre ans que personne n’avait battu l’Espagne en Espagne, au moment de l’arrivée de la Suisse, ce samedi à Saragosse. Depuis leur défaite contre l’Angleterre le 15 octobre 2018, Luis Enrique et ses hommes s’étaient montrés intraitables à domicile. Et en 24 confrontations dans l’histoire, la Suisse n’avait battu l’Espagne qu’une seule fois, en 2010, à Durban, lors d’un premier match à la Coupe du monde sud-africaine qu’un but de Gelson Fernandes avait fait basculer. C’est dire si pas grand-chose ne plaidait en faveur de ses chances.

Mais la Nati s’est imposée. Elle a subi la domination ibérique, bien sûr, comme pratiquement toutes les équipes du monde, mais elle l’a fait sans jamais paniquer, contrecarrant méthodiquement chaque velléité offensive, ne commettant presque aucune erreur collective. Et sur deux corners, bottés rentrant par Ruben Vargas, elle a trouvé la faille. Manuel Akanji a ouvert la marque d’un beau coup de tête. Le pauvre Eric Garcia a dévié le ballon dans son propre but alors que le score était de 1-1. Score final 1-2. Nouvel exploit pour le capitaine Granit Xhaka et ses coéquipiers.

Douze ans, un monde

Il faut l’ajouter à une liste qui ne cesse de s’allonger. L’élimination de la France en huitièmes de finale de l’Euro 2020+1, aux tirs au but, est encore dans toutes les mémoires. Depuis, la Nati a terminé en tête de son groupe qualificatif de la Coupe du monde au détriment de l’Italie fraîchement sacrée championne d’Europe, qui sera la grande absente du tournoi qatari. En juin dernier, après un début d’année compliqué (cinq matchs sans succès), elle a encore dominé le Portugal à Genève (1-0). Samedi, à chaud, Murat Yakin insistait sur le caractère maîtrisé de l’entreprise. «On a bien commencé le match, on a bien pressé l’adversaire, l’équipe a pris confiance, et on est restés bien organisés. On a joué de manière solidaire, et les buts sont arrivés aux moments opportuns. Peu m’importe que ce soit une première victoire historique ou non. Ce qui compte, c’est que l’équipe ait maintenu une structure compacte. Avec tous nos joueurs, on peut non seulement rivaliser, mais on peut aussi gagner.»

Entre les deux victoires de la Suisse contre l’Espagne, il y a un monde. En 2010, la première avait été acquise avec une certaine dose de réussite, et dans la souffrance. En 2022, la deuxième tient du plan bien pensé et parfaitement appliqué. C’est qu’en douze ans, l’équipe nationale a énormément appris, avec des confrontations devenues toujours plus régulières face aux meilleures équipes qui soient.

Depuis l’Euro 2012, elle n’a plus manqué un grand tournoi, et chaque participation lui offre son lot de rencontres prestigieuses. Depuis 2018, la Ligue des nations les encore multipliées. Créée pour remplacer avantageusement les matchs amicaux qui émaillaient le programme des sélections, cette compétition ne fait pas l’unanimité. Mais pour une équipe comme la Suisse, qui évolue depuis trois éditions en première division, elle implique de se mesurer incessamment à de grandes équipes. Exemple éloquent: elle a affronté l’Espagne cinq fois depuis 2020, soit autant que lors des vingt années précédentes.

En position de force

La victoire de samedi est belle en soi. Elle est aussi de bon augure en vue de la Coupe du monde, où la Nati affrontera – dans l’ordre – le Cameroun, le Brésil et la Serbie. Mais elle a une incidence à plus court terme: elle permet à Murat Yakin et ses hommes d’aborder leur dernière rencontre de la troisième édition de la Ligue des nations en position de force. Mardi, à 20h45 à Saint-Gall, contre la République tchèque, un nul leur suffira pour sauver leur place dans l’élite, s’offrir une nouvelle tournée de matchs prestigieux, et autant d’occasions de nouveaux exploits.

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