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«C’est une réforme pour toute la population»

Responsable de la politique à la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI), Romaine Nidegger répond à nos questions

PROPOS RECUEILLIS PAR C. Z.

La hausse de l’âge de la retraite pour les femmes de 64 à 65 ans passe de justesse, avec 50,57% de oui. L’augmentation de la TVA de 7,7 à 8,1% pour financer les pensions est, quant à elle, acceptée à 55% de voix. Une victoire à l’arraché, pour la droite et les milieux économiques.

Que vous évoque cette victoire en demi-teinte?

Demi-teinte ou pas, ça reste une victoire pour la Suisse, où nous n’avons pas eu de réforme de l’AVS depuis plus de vingt-cinq ans. Après une campagne très émotionnelle, les milieux économiques, en particulier la CVCI, sont soulagés: nous avons réussi à faire passer le message de la nécessité de trouver une solution pour assurer les rentes pour les 15 prochaines années, sans les baisser.

Qu’est-ce qui a permis ce renversement, après vingt-cinq ans de blocage sur ce sujet?

C’est la situation critique d’un premier pilier au bord de la rupture, que nous avons bien expliquée durant toute cette campagne. Je pense aussi que la flexibilisation comprise dans cette réforme correspond à une volonté de la population. Enfin, nous avons pu convaincre que cette réforme ne se fait pas sur le dos des femmes, contrairement à ce que la gauche n’a pas cessé de dire, mais qu’il s’agit d’une réforme pour toute la population, femmes et hommes.

Que dire aux femmes avec des bas salaires qui auront de la peine à travailler une année supplémentaire?

On ne peut nier le fait que des femmes se trouvent dans des situations plus précaires que d’autres, mais cela ne rend pas la réforme de l’AVS moins nécessaire. Cette votation portait sur une hausse de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, pas sur les conditions de travail. Quant aux autres questions, qui touchent aux bas salaires ou au temps partiel, la solution doit être trouvée dans la réforme du 2e pilier, qui a été mise en suspens par le Conseil des

Etats. Dans le cadre de cette réforme, les milieux économiques attendent aussi des solutions en faveur des femmes.

La gauche réclame des mesures plus fortes pour appliquer l’égalité salariale. Votre position?

L’égalité salariale n’était pas en discussion dans la réforme de l’AVS 21. Pour cela, il existe une loi, elle est actuellement en vigueur, un bilan est prévu l’an prochain et on fera le point à ce moment-là pour savoir s’il faut prendre davantage de mesures.

Une partie de la droite nourrit le projet d’une hausse générale de l’âge de la retraite. Est-ce la prochaine étape à vos yeux?

« Nous avons pu convaincre que cette réforme ne se fait pas sur le dos des femmes»

Aujourd’hui, nous avons une solution pour des rentes équilibrées jusqu’à 2030. Ce débat aura certainement lieu à l’avenir, mais actuellement, il est prématuré.

Les femmes peinent à trouver du travail passé la cinquantaine déjà. Les employeurs vont-ils faire preuve de plus de responsabilité en améliorant l’emploi des seniors?

C’est une problématique connue des milieux économiques et qui ne concerne pas seulement les femmes: les hommes aussi peinent à trouver du travail passé 50 ans. Dans la réforme de l’AVS 21, la flexibilisation de l’âge de départ à la retraite vise d’ailleurs à y répondre. Par ailleurs, les milieux économiques se sont saisis de cette thématique, avec par exemple la plateforme 50+ de réflexion sur des mesures de soutien aux seniors.

Votations Fédérales

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2022-09-26T07:00:00.0000000Z

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