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«Ce résultat serré nous rend plus combatifs»

Vania Alleva, présidente d'Unia et vice-présidente de l'Union syndicale suisse, réagit à l'acception de justesse de la réforme de l'AVS et évoque les prochaines batailles

PROPOS RECUEILLIS PAR CÉLINE ZÜND @celinezund

La hausse de l’âge de la retraite pour les femmes de 64 à 65 ans passe sur le fil du rasoir, avec 50,57% des voix. L’augmentation de la TVA de 7,7 à 8,1% pour financer les pensions est quant à elle acceptée à 55%. Après une attente fébrile, la gauche et les syndicats ont dû se résoudre à admettre leur défaite.

Le peuple n'avait pas accepté de réforme de la retraite depuis vingtsept ans. Qu'est-ce qui a fait basculer l'opinion populaire cette fois-ci? C’est resté très, très serré jusqu’à la fin. Cela fait trente ans qu’une partie de la politique continue, malgré la situation très stable, de parler d’une situation difficile de l’AVS. A la longue, ce discours a un certain impact. Ce qui fait mal, avec ce résultat, c’est que la réforme de l’AVS s’impose sur le dos des femmes. C’est un affront incroyable pour de nombreuses femmes, qui continueront d’avoir des salaires bas, des rentes basses, et qui auront de la peine à travailler un an de plus: je pense à toutes les professions pénibles, en particulier. La part des femmes et des hommes qui doivent quitter le marché du travail, soit pour des raisons de santé, à cause d’un accident ou parce qu’ils n’ont pas de perspectives, est en augmentation.

N'êtes-vous pas parvenue à convaincre les femmes que cette réforme se fait sur leur dos? Leur situation est-elle meilleure que ce qu'en dit la gauche? Non je ne crois pas, car les femmes ont voté en majorité contre cette réforme. La population ressort triplement divisée par ce projet. On voit très clairement que cette réforme a créé un fossé entre hommes et femmes, un fossé entre la Suisse latine et alémanique. Mais aussi, un fossé social. Les communes, les quartiers les plus riches, ont dit plutôt oui à cette réforme, tandis que les couches sociales moins favorisées, les plus touchées, ont dit non.

La défaite est particulièrement dure pour les syndicats, qui n'ont pas réussi à faire le poids dans une réforme cruciale… C’est avant tout une gifle pour les femmes. C’est la première réforme depuis la grève féministe, où l’on demandait non pas un relèvement de l’âge de la retraite, mais une hausse des rentes. Quant aux syndicats, le fait que le résultat soit si serré nous rend plus combatifs. Durant toute la campagne, on nous a dit que l’égalité était importante. Alors maintenant, je veux voir ces paroles concrétisées par des actes.

Quelles sont vos priorités pour la suite? L’égalité salariale: la loi est trop faible. Il faut maintenant des instruments permettant des analyses salariales avec des sanctions dans les cas de non-respect de l’égalité. Ce résultat montre aussi clairement que la droite doit abandonner son projet de hausse générale de l’âge de la retraite. Nous ressortons de cette campagne plus convaincus encore que le problème principal est le niveau des rentes: elles sont trop basses, tant pour les hommes que pour les femmes. Pour y répondre, nous avons déjà posé un projet sur la table: AVSx13, en discussion au parlement. Cette proposition vise à instaurer une treizième rente AVS pour tout le monde, ce qui équivaudrait à une hausse des rentes de 8,8%. Elle bénéficierait en particulier aux femmes, dont un tiers ne bénéficie que de l’AVS (et pas de la LPP).

«Le problème principal est le niveau des rentes: elles sont trop basses»

Votations Fédérales

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2022-09-26T07:00:00.0000000Z

2022-09-26T07:00:00.0000000Z

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