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Droit de vote à 16 ans balayé

Après les Neuchâtelois et les Zurichois, les électeurs bernois ont clairement rejeté une baisse de l'âge du droit de vote, par 67,2% de non. Un vote qui pourrait avoir des conséquences sur les débats aux Chambres fédérales

VINCENT BOURQUIN @bourquvi

Le canton ne sera pas le deuxième de Suisse, après Glaris, à introduire le droit de vote à 16 ans. Les citoyens ont rejeté hier par 67,2% des voix une modification de la Constitution visant à abaisser l’âge de la majorité politique.

Glaris reste le seul canton de Suisse à accorder les droits politiques dès 16 ans. Les Bernois ont en effet dit non par 67,2% à une réforme qui avait pourtant été soutenue par le Grand Conseil. Ce projet prévoyait que les jeunes soient autorisés à voter dès 16 ans tant au niveau cantonal que communal. Ils n'auraient toutefois pu être élus à une fonction politique qu'à l'âge de 18 ans, comme actuellement.

Tous les arrondissements ont dit non à cet élargissement du suffrage universel. Dans le Jura bernois, le non s'est carrément élevé à 74,1%. Ce rejet fait suite à celui des Zurichois (64,4%) en mai de cette année et celui des Neuchâtelois (58,5%) en 2020. Quant au Grand conseil genevois, il a refusé ce jeudi d'élargir les droits politiques. Les Bernois ont donc confirmé leur premier refus qui remonte à treize ans.

Dans les cantons, cette modification de la majorité politique échoue sans cesse devant le peuple, mais il est toujours d'actualité sous la Coupole fédérale. La Commission des institutions politiques vient en effet de mettre en consultation un projet qui permettrait à tous les jeunes dès 16 ans de voter en Suisse. Toutefois le résultat bernois pourrait encore compliquer cette réforme, notamment lorsqu'elle passera à nouveau devant le Conseil des Etats, très attaché à prendre en compte les sensibilités cantonales.

Jeunes aussi divisés

Membre du comité du Conseil suisse des activités de jeunesse (CSAJ), Corentin Pannatier ne cache pas sa déception: «Nous sommes frustrés et déçus par ces résultats dans les cantons. Ce refus bernois s'inscrit dans l'idée que les jeunes n'ont pas les compétences suffisantes pour donner leur

«Ce refus bernois s’inscrit dans l’idée que les jeunes n’ont pas les compétences suffisantes pour donner leur avis» CORENTIN PANNATIER, MEMBRE DU COMITÉ DU CONSEIL SUISSE DES ACTIVITÉS DE JEUNESSE

avis, qu'ils sont influençables et ne s'intéressent pas suffisamment à la politique.» Toutefois, le jeune valaisan ne veut pas baisser les bras: «Ce qui est positif c'est que l'on parle beaucoup du droit de vote à 16 ans. Pour l'introduire, le parcours est semé d'embûches, mais je reste optimiste.» Il espère qu'au final, le débat se terminera par une votation populaire au niveau suisse.

Alexander Omuku, ancien président du Conseil des jeunes de Lausanne et conseiller communal PLR à Epalinges, préconise aussi un débat national. Pour lui, le droit de vote à 16 ans, n'est qu'une mesure parmi d'autres dans la question qu'il juge fondamentale: comment améliorer le taux de participation en Suisse? Cet objectif passe essentiellement par les jeunes. Alexander Omuku en appelle aux cantons qui devraient réfléchir à des moyens supplémentaires pour encourager les jeunes à s'intéresser à la politique. «Il faudrait organiser davantage de débats dans les écoles, conscientiser les enseignants sur l'importance de développer l'esprit critique en habituant les élèves à écouter et débattre.»

Au gymnase de Bienne et du Jura bernois, ce thème a été abordé dans la classe de Frank Bassi qui enseigne l'économie et le droit. Et ces élèves de troisième année étaient pour le moins divisés. Sept se sont dits favorables au droit de vote à 16 ans, sept y étaient opposés et sept se sont abstenus. Parmi ceux qui ont dit non, Célia Schmid, satisfaite du résultat de son canton: «A 16 ans, nous n'avons pas encore la maturité suffisante pour avoir une vision globale de la société.»

La Biennoise, âgée aujourd'hui de 19 ans poursuit: «Entre 16 et 19 ans, mon avis a beaucoup changé, si j'avais eu le droit de vote à l'époque, je regretterais aujourd'hui mes choix.» Elle insiste encore sur l'importance des cours de civisme qui devraient pouvoir être suivis par tous les élèves en Suisse: «Nous, on a eu la chance d'en avoir.»

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2022-09-26T07:00:00.0000000Z

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