AVS 21: un nouveau contrat social, de justesse

C’était de peu, mais les Suissesses et les Suisses ont bien signé un nouveau contrat social. Il est juste que les femmes travaillent autant que les hommes, jusqu’à 65 ans. La solidarité doit être complète entre les générations et les catégories sociales au sein de notre assurance vieillesse et survivants (AVS). Et il faut sécuriser le financement de ce premier pilier de la prévoyance, pour les dix prochaines années et pour les jeunes générations. C’est ce que les citoyens ayant voté le 25 septembre ont décidé.

Les résultats montrent de nombreuses fractures: entre les hommes et les femmes, au niveau social (entre les communes à bas et hauts revenus), et linguistique. Une ligne déchire le pays, seuls deux cantons alémaniques refusant, comme tous les cantons latins, d’augmenter l’âge de la retraite des femmes. Une vision plus libérale de l’Etat en Suisse alémanique et la prééminence de figures syndicales fortes dans la campagne en Suisse romande expliquent probablement cet écart.

Le gouvernement et le parlement sont passés une nouvelle fois à deux doigts de la remise à l’ordre par le peuple. La retraite figure parmi les trois plus grands sujets de préoccupation de la population depuis des années, y compris, particularité helvétique, pour les 18-29 ans. Le contexte actuel, celui de la guerre en Ukraine et de l’inflation en Europe, favorise sans doute la prudence; les Suisses veulent sécuriser le financement de leurs retraites et font confiance à leurs autorités.

Le peuple a compris que l’enjeu réel était ailleurs, car c’est bien du côté de la prévoyance professionnelle qu’il faut rééquilibrer sérieusement les choses. Parce qu’elles ont été plus nombreuses

C’est du côté de la prévoyance professionnelle qu’il faut rééquilibrer sérieusement les choses

à interrompre leur carrière et à occuper des emplois à bas salaires, les femmes bénéficient de rentes du 2e pilier en moyenne inférieures de moitié à celles des hommes. Dans cette campagne, personne n’a nié la pénibilité du travail dans certains secteurs et certains métiers, touchant souvent les femmes. Les chiffres officiels montrent un écart subsistant de 19% entre les salaires masculins et féminins, dont 8% inexpliqués. Les travaux concernant le deuxième pilier reprendront sous le regard assidu des députés de gauche. Les femmes de droite devront mobiliser les hommes de leur camp. Le résultat serré de ce weekend aura peut-être un avantage: celui de forcer les opposants à construire ensemble des passerelles au-dessus des fossés restés béants pendant vingt-cinq ans. Dans l’esprit qui a fait la force de la Suisse depuis l’après-guerre.