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J’étais intimidé par The Sandman, la série dévoilée ces jours par Netflix. Cette saga de ténèbres raconte, de la fin du XIXe siècle à nos jours, l’emprisonnement, la délivrance et la revanche de Morphée (ou Dream, entre autres noms), sorte de dieu régnant sur les rêves, à l’instar d’autres entités possédant leurs empires, comme la mort.

Je n’ai jamais lu les romans graphiques de Neil Gaiman et son escouade d’illustratrices et illustrateurs de talent. Or, toute oeuvre de l’écrivain anglais a quelque chose de mythique, dans tous les sens du terme: par ses thèmes, aussi parce que son fandom est immense et rigoureux. Et l’on garde un souvenir un peu tonitruant d’American Gods, précédente série adaptée de l’auteur. En sus, l’histoire de Sandman est complexe, de nombreux projets d’adaptation se sont écrasés – d’autant que Neil Gaiman lui-même, opposé à une traduction cinématographique, savonnait la planche.

J’ai lu le premier volume, puis vu les débuts de la série. Sans conteste, hormis un habillage visuel plus riche du domaine du héros Morphée, on est plongé dans le monde de l’auteur britannique. Le seigneur des rêves a la même dégaine qu’un chanteur de The Cure; c’était une excellente idée de prendre Charles Dance pour incarner l’affreux Burgess; et, par exemple, les Abel et Caïn sont bien marrants. Venu notamment de Sex and the City (!) avant d’être tombé dans le monde de Marvel, le créateur Allan Heinberg semble avoir voulu tout faire pour coller aux visions du maître (Gaiman, pas Morphée). Il n’y a d’ailleurs pas eu de polémique, ceci explique cela.

Surtout, c’est fréquent dans les adaptations audiovisuelles, la série se révèle plus explicative que les ouvrages. J’avoue avoir saisi des choses plus nettement en visionnant le feuilleton, parfois quelques heures après avoir parcouru les planches. On peut ainsi imaginer une autre manière, désormais, d’entrer dans les mondes parallèles de Neil Gaiman. Voir la série d’abord, elle fournit la plupart des clés, puis goûter les images fixes, plus aiguës, plus directes, plus sombres aussi.

■ Une série d’Allan Heinberg (2022) en 10 épisodes de 50’ environ. A voir sur Netflix.

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2022-08-13T07:00:00.0000000Z

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

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