Le Temps epaper

L’ufaFabrik, pionnière berlinoise en matière de toits végétalisés

La capitale allemande est connue pour le nombre de ses toits verts mais souhaite aller plus loin

DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN @delphnerbollier

L’ufaFabrik est une oasis verte au coeur de Berlin. Abandonnés dans les années 1970, ces anciens studios de cinéma sont devenus depuis un centre international culturel unique en son genre. «En 1979, nous avons pacifiquement occupé les lieux et tout aménagé», raconte Werner Wiartalla, directeur technique. «Cela a été un très gros projet pilote», ajoute-t-il, en listant la mise en place de toits et façades végétalisés, d’un système de récupération des eaux de pluie et la production d’électricité.

Sur les quelque 20 000m² du site, 5000 sont constitués de toits verts. C’est notamment le cas du large bâtiment de deux étages qui accueille les voyageurs de passage et sur lequel pousse une quinzaine de sortes de sedums, plantes grasses rustiques. Au centre de ce toit plat, Werner Wiartalla fait pousser des plants de tomates, courgettes et choux. Un peu plus loin, il a consacré une bande de terre à des plantes qui fleurissent les unes après les autres durant les douze mois de l’année «afin d’attirer toutes sortes d’insectes».

Aucun système de climatisation

Pour Werner Wiartalla, ces toits végétalisés «permettent de rafraîchir l’environnement: 10 litres d’eau s’évaporent d’un mètre carré de ce toit. Nous n’utilisons aucun système de climatisation dans nos locaux et constatons entre 5 à 10 degrés de moins à l’intérieur par rapport à l’extérieur. Nous y parvenons sans consommer d’énergie», dit-il, avec enthousiasme. Un peu plus loin, ont aussi été installés des panneaux solaires qui, au-delà de la production d’électricité, assurent un ombrage qui favorise la diversité des plantes. En échange, ces dernières limitent la température et facilitent l’entretien des cellules photovoltaïques. «C’est gagnant-gagnant», note Werner Wiartalla qui constate par ailleurs un intérêt croissant des Berlinois pour ce genre de concepts. «Nous organisons des ateliers, des visites des lieux et rencontrons un énorme intérêt. Le potentiel est immense et le réchauffement climatique le confirme», juge-t-il.

En la matière, la capitale allemande fait figure de bonne élève – avec 18 000 toits dits «verts» en 2016, soit 4% des surfaces totales de toiture – mais reconnaît pouvoir faire mieux. «Berlin a toujours été une ville très sèche mais cela empire dans des proportions inattendues», constate Stephan Natz, de la Société berlinoise des eaux. «Heureusement les autorités politiques en ont pris conscience. Chaque goutte d’eau doit être récupérée et les espaces végétalisés y participent», remarque-t-il. Les autorités ont en effet lancé en 2019 un programme qui a permis de soutenir financièrement la végétalisation de 12 200 m² supplémentaires sur des bâtiments déjà existants. La ville pourrait toutefois aller plus loin en imposant une surface minimale à végétaliser sur les futures surfaces à bâtir. Une idée en cours de négociation au Sénat berlinois.

Actualité

fr-ch

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

2022-08-13T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281638193984333

Le Temps SA