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Livia Leu, un voyage à Bruxelles qui ne rapporte pas grand-chose

SOLENN PAULIC, BRUXELLES LIVIA LEU

EUROPE Le nouvel entretien entre Livia Leu et la Commission européenne jeudi n’a pas permis de percée sur les relations bilatérales. La faute à Bruxelles, selon la secrétaire d’Etat, qui est aussi repartie sans bonnes nouvelles sur Horizon Europe

Des entretiens exploratoires qui commencent déjà à tourner en rond. C'est avec un bilan assez maigre qu'est repartie jeudi de Bruxelles la secrétaire d'Etat Livia Leu, qui effectuait sa troisième visite à la Commission européenne depuis janvier pour redéfinir avec l'UE les relations post-accord-cadre.

Les deux parties, qui ont discuté environ trois heures après s'être récemment échangé par lettres leurs lignes rouges respectives, ne se sont certes pas quittées sans annonce: une réunion «technique» de spécialistes a en effet été actée, elle devrait potentiellement se tenir d'ici à la fin de l'été: pour aborder concrètement les questions liées à la libre circulation des personnes et à la protection des salaires.

Livia Leu et le chef de cabinet du vice-président Maros Sefcovic, Juraj Nociar, se reverront aussi pour un quatrième round après l'été, l'objectif, selon la diplomate, restant toujours d'organiser dans la foulée une rencontre plus politique entre Ignazio Cassis et le vice-président, rencontre qui aurait déjà dû se tenir en mai.

Agacement suisse

Mais si, pour Livia Leu, les deux parties «cherchent une date» à cet effet, la Commission s'est un peu moins avancée, indiquant qu'une telle rencontre «n'est pas prévue à ce stade». La Commission n'a d'ailleurs pas dévié de sa ligne après cette rencontre, demandant encore des «clarifications nécessaires» sur le projet suisse et ne pouvant toujours pas dire si elle peut recommander au Conseil de rouvrir les négociations.

Livia Leu, qui venait aussi à Bruxelles signer officiellement le mémorandum d'entente relatif au deuxième milliard de cohésion débloqué par Berne, aurait pu également espérer jeudi quelques ouvertures sur Horizon Europe alors que les chercheurs suisses subissent de plus en plus leur exclusion.

Mais ce second milliard, qui ira en partie aux 13 plus récents Etats membres de l'UE et à la gestion de la migration, n'a toujours pas l'effet escompté, la Commission n'ayant pas ouvert de porte jeudi et l'exclusion des chercheurs suisses semblant appelée à durer.

Une situation que la secrétaire d'Etat a bien sûr de nouveau critiquée. La Suisse est «prête» à négocier l'association à Horizon Europe et rejette toujours le lien avec l'institutionnel. Mais la secrétaire d'Etat semblait cette fois un peu plus agacée et a plus ouvertement rejeté la lenteur des progrès sur son interlocuteur, assurant que Berne aurait voulu un «tempo plus rapide» de rounds exploratoires quand Bruxelles a reporté les dates à chaque fois.

«C’est le statu quo»

Reste une question fondamentale, toujours non résolue après ce nouveau round: négocier oui, mais sur quoi et sous quelle forme? Et combien de temps Berne et Bruxelles mèneront-ils encore ces entretiens exploratoires, alors que les «rounds» pour les bilatérales 1 avaient duré deux ans?

Ce second milliard de cohésion n’a toujours pas l’effet escompté et l’exclusion des chercheurs suisses semble appelée à durer

Livia Leu a admis que l'institutionnel reste toujours la question la plus difficile à régler et aucune piste n'a été identifiée jeudi. Elle a par ailleurs face à elle un partenaire qui se comporte comme si la Suisse était un Etat membre, a-t-elle encore souligné. «C'est le statu quo», résume brièvement un familier du dossier, se demandant également ce que pourront donner ces futurs entretiens alors que la Commission ne change fondamentalement pas d'approche et «veut d'une manière ou d'une autre refaire passer l'accord-cadre». ■

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2022-07-01T07:00:00.0000000Z

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