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Les violences domestiques sont en baisse

MARC GUÉNIAT

Si les infractions pénales commises dans la sphère conjugale diminuent, elles représentent désormais la moitié des violences recensées dans le canton. L’Etat veut augmenter le nombre de places d’accueil

Si les chiffres sont encourageants, il convient de garder à l’esprit que derrière les statistiques se jouent des drames individuels. Aussi l’Etat de Genève ne fanfaronne-t-il pas en présentant, pour l’année 2021, une baisse de 10% des infractions pénales pour violences domestiques, des réquisitions de police (6%) et des mesures d’éloignement (16%) prononcées à l’encontre des auteurs, de sexe masculin dans 73% des cas. Rapportée à l’ensemble des infractions impliquant de la violence, la part des cas se déroulant dans la sphère conjugale augmente, représentant désormais la moitié des condamnations prononcées par la justice genevoise. Si l’on tient compte des victimes indirectes, comme les enfants, ce sont au total 5913 personnes qui sont concernées par ce phénomène.

Grâce à son Observatoire des violences domestiques, réunissant la police et le réseau associatif, le canton de Genève se targue d’être le plus exhaustif possible dans le recensement des cas, même s’il est inéluctable que des situations restent sous le radar, souligne Emilie Flamand, nouvelle directrice par intérim du Bureau de promotion de l’égalité et de prévention des violences (BPEV), en présentant le rapport annuel aux côtés de la conseillère d’Etat Nathalie Fontanet.

Foyers d’urgence financés à 50% par l’Etat

L’an dernier, sur six homicides, quatre relevaient de la sphère domestique. Quid de la notion de féminicide, souvent employée par les organisations féministes et de plus en plus par les médias? «La question s’est posée, répond la directrice. Mais l’échantillon est trop faible pour en tirer des enseignements. Par ailleurs, il faudrait démontrer que l’homicide a été commis uniquement en lien avec le genre, ce qui reste difficile sans examiner précisément les dossiers.»

Malgré les résultats encourageants, le Conseil d’Etat, qui a fait de cette politique publique une priorité de la législature, n’entend pas relâcher ses efforts. Il mène régulièrement des campagnes de sensibilisation pour améliorer la détection, «parce que c’est l’affaire de tout un chacun, y compris des témoins et des victimes indirectes, le plus souvent mineures», explique Nathalie Fontanet. Par ailleurs, l’Etat finance désormais les foyers d’urgence à hauteur de 50% de leur budget, parce qu’ils accomplissent une tâche publique, poursuit la magistrate.

Cependant, les autorités constatent un «embouteillage» dans ces lieux d’hébergement d’urgence, en raison de la saturation des logements relais permettant d’entamer le processus de reconstruction et d’autonomie. «Les victimes ne peuvent retourner chez elles et n’ont donc nulle part où aller», explique la conseillère d’Etat. Pour y remédier, le canton veut accroître son parc de douze places pérennes et a entrepris de sensibiliser les fondations immobilières de droit public à la problématique, pour les inciter à se pencher sur ces dossiers. ■

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2022-07-01T07:00:00.0000000Z

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