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Un junior qui réveille l’intérêt suisse pour l’Open d’Australie

LAURENT FAVRE @LaurentFavre KILIAN FELDBAUSCH 19E MONDIAL JUNIORS

Avec le décalage horaire, Kilian Feldbausch s’est endormi jeudi soir à Melbourne à l’heure où son nom faisait le tour des rédactions sportives de Suisse. Il reste un Suisse Down Under. Un Genevois de 16 ans, en demi-finale du simple garçons après sa victoire sur l’Américain Ozan Colak (2-6 7-6 6-4). Un niveau seulement atteint à cet âge en 1998 par Roger Federer.

Avec le décalage horaire, Kilian Feldbausch sera peut-être éliminé par le Tchèque Jakub Mensik, vendredi à l’heure où nous nous réveillerons. Et toute cette attention soudaine, fébrile et un peu dangereuse retombera. Mais il sera peut-être qualifié pour la finale, et alors devra apprendre à composer avec les attentes d’un pays qui n’est pas disposé à ne plus vibrer pour le tennis.

Une passion familiale

C’est ce à quoi il aspire depuis son plus jeune âge, et ce à quoi ses parents le préparent depuis qu’ils ont compris l’étendue de son potentiel, de sa passion et de sa détermination. Kilian Feldbausch, né le 9 juillet 2005, vit, parle, mange, respire tennis. Il a de qui tenir. Sa mère, Cathy Caverzasio, fut 34e mondiale en 1990. Son père, Michael Feldbausch, joua lui aussi en professionnel, à un niveau plus modeste. Enfin, son grandpère paternel, Franz Feldbausch, disputa Wimbledon et deux rencontres de Coupe Davis pour l’Allemagne fédérale dans les années 1950, avant d’occuper des fonctions à la Fédération allemande et à la Fédération internationale (ITF).

En 2011, Franz Feldbausch racontait au journal de Bielefeld qu’à chacune de ses visites, son petit-fils de 5 ans tenait à lui montrer à quel point il jouait bien au tennis. A 12 ans, Kilian Feldbausch faisait étalage de ses talents devant Steffi Graf et Andre Agassi, à l’occasion d’un tournoi sur invitation organisé sous la tour Eiffel par Longines, en marge de Roland-Garros. Il y gagna le tournoi, une bourse sur trois ans et ses premières sollicitations.

Kilian Feldbausch est entraîné par ses deux parents, au TC Genève Champel où sa mère (et son oncle Steve Caverzasio) dirige l’école de tennis, à Bienne où son père donne des cours à l’académie de Swiss Tennis, une structure parallèle à celle de la Fédération. Swiss Tennis a accepté cette organisation hybride, semi-privée, jugée la plus apte à aider l’adolescent dans sa formation. Il est suivi par Michael Lammer, entraîneur national M23.

Dans le top 100 dans cinq ans?

En grandissant, Kilian Feldbausch a gardé ce coup d’oeil et ce relâchement dans les points importants qui avaient impressionné Steffi Graf. Droitier, il s’appuie sur un très beau revers à deux mains, fluide et perforant. «Il doit se construire physiquement mais il a une très bonne compréhension du jeu, il joue rarement une mauvaise balle et est devenu plus stable mentalement», expliquait cette semaine Michael Lammer au Bieler Tagblatt.

Lammer a aussi parlé à son pote Roger Federer. «Je sais que Roger lui demande de temps en temps de mes nouvelles. J’ai déjà tapé des balles avec lui et c’était une super expérience. Il est très gentil et donne de bons conseils», a raconté Kilian Feldbausch jeudi sur le site de l’ITF.

Ses parents sont présents à Melbourne. D’ordinaire, ils se relaient pour l’accompagner sur les tournois ITF juniors, qu’ils jugent plus formateurs que les premières catégories seniors. Cela explique en partie pourquoi le Genevois, 19e mondial juniors, est mieux classé que ne l’étaient Dominic Stricker, Leandro Riedli ou Jerome Kym au même âge. Son objectif cette saison est de disputer les Grands Chelems juniors, avant de passer chez les adultes en 2024. Il se voit dans le top 100 mondial dans cinq ans.

Dans cette aventure, ses atouts sont la cohérence d’un projet familial et la puissance de sa passion pour le tennis. Quand d’autres ont le mal du pays, lui se sent à l’aise partout où il y a un court. «C’est énorme d’être ici, c’est une expérience formidable et j’adore ça – c’est tout ce que j’ai toujours voulu. Je me sens chez moi et j’ai vraiment l’impression de jouer avec les grands. C’est génial et je veux plus. Ce n’est que le début», a-t-il encore confié à Itf.com.

«Kilian est très content du parcours qu’il a fait jusqu’à présent. Il a su adapter son jeu à ses adversaires. L’objectif était d’aller le plus loin possible dans ce tournoi», nous écrivait hier Cathy Caverzasio, pendant que son fils dormait déjà.

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2022-01-28T08:00:00.0000000Z

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