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Six ans de prison requis contre Pierin Vincenz

Le procureur zurichois a affirmé jeudi que l’ex-patron de Raiffeisen et son principal partenaire d’affaires ont causé d’importants dégâts financiers

L’ex-patron de Raiffeisen Pierin Vincenz et son partenaire d’affaires Beat Stocker se sont énormément enrichis en causant des dégâts financiers considérables. Le procureur l’a affirmé jeudi devant la justice zurichoise. Il requiert 6 ans de prison contre eux.

Pierin Vincenz occupait une position plus importante que Beat Stocker, a rappelé le procureur à la fin de son réquisitoire. Il a donc pu convaincre d’autres personnes qui lui faisaient confiance et les amener à approuver des transactions. «Il a abusé de cette confiance et de son pouvoir. Cet abus pèse lourd dans la balance», a souligné le procureur devant le Tribunal de district de Zurich.

Patron de la société de cartes de crédit Aduno à l’époque des faits, Beat Stocker ne disposait certes pas du pouvoir de Pierin Vincenz, mais il a été le cerveau des crimes économiques commis, a soutenu le procureur. «Il a perfectionné le double jeu au détriment des plaignants» et ce, «avec une importante énergie criminelle».

Parmi les indices recueillis contre les deux principaux accusés, le procureur a cité des mails et des conversations téléphoniques. En février 2018, Pierin Vincenz a contacté Beat Stocker pour s’accorder sur les éléments d’explication de leurs affaires. «Si personne ne raconte de conneries et qu’on reste «clean», ils ne peuvent pas nous choper», aurait dit l’ex-patron de Raiffeisen à son camarade.

Pierin Vincenz et Beat Stocker sont les deux principaux prévenus du procès. Ils sont accusés d’escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive.

Administrateurs au sein d’Aduno, ils auraient poussé au rachat d’entreprises dont ils détenaient des parts non révélées, encaissant ainsi des sommes élevées de manière irrégulière. Le rachat de la société Eurokaution a même été fatal à Aduno, alors que les deux accusés savaient d’emblée que cette société ne présentait aucun potentiel de développement, selon le procureur.

Dans sa plaidoirie, l’avocat de Viseca – ex-Aduno – a dénoncé un «procédé clandestin» des deux principaux prévenus. Lors des discussions de rachat d’entreprises, au sein du conseil d’administration d’Aduno, ils ont toujours voté en faveur de leurs intérêts financiers personnels, a-t-il déploré.

Pierin Vincenz et Beat Stocker sont aussi accusés d’avoir financé des dépenses privées de plusieurs centaines de milliers de francs à travers des notes de frais. Il en va ainsi de visites dans des cabarets et des clubs de strip-tease, ainsi que de voyages privés. Au total, la somme délictueuse reprochée à Pierin Vincenz est de 9 millions de francs et de 16 millions pour son acolyte.

«Si personne ne raconte de conneries et qu’on reste «clean», ils ne peuvent pas nous choper» PIERIN VINCENZ, EX-PATRON DE RAIFFEISEN

Parole à la défense vendredi

Pour cinq autres coaccusés, le procureur a requis des sanctions allant de la peine pécuniaire avec sursis à une peine de prison de 2 ans et demi avec sursis partiel. Il leur reproche un rôle de complice. Les plaidoiries de la défense sont agendées à vendredi.

Economie & Finance

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2022-01-28T08:00:00.0000000Z

2022-01-28T08:00:00.0000000Z

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