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Fin de partie pour la cryptodevise de Facebook

SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

L’association Diem (ex-Libra) cherche à vendre ses actifs pour rembourser ses investisseurs, selon Bloomberg. La banque qui devait émettre ce stablecoin soutenu par un consortium comprenant Meta (ex-Facebook) n’a pas obtenu le feu vert des autorités américaines

Est-ce la fin du chemin pour le diem, la cryptomonnaie initiée par Facebook et d’autres sociétés en 2019 sous l’appellation initiale de libra? L’association qui pilote ce projet cherche à vendre ses actifs, de manière à rembourser ses investisseurs, selon l’agence Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier. L’association Diem avait quitté Genève en mai 2021 et subi en décembre le départ de David Marcus, la cheville ouvrière du projet. Les autorités américaines n’auraient pas donné leur feu vert au lancement de sa devise numérique l’été dernier.

En pratique, Diem aurait sollicité des banques d’affaires dans l’optique de vendre sa propriété intellectuelle et trouver de nouveaux employeurs aux ingénieurs qui ont développé sa technologie, précise Bloomberg.

On est bien loin de l’ambition de 2019, lorsque Facebook et une vingtaine de partenaires dévoilaient leur projet de système de paiement mondial, qui devait permettre d’effectuer des paiements aussi simplement qu’on envoie un SMS. De grands noms de la technologie et de la finance comme Uber, Coinbase ou Lyft avaient payé un ticket d’entrée à 10 millions de dollars minimum pour participer à l’élaboration d’une monnaie numérique stable basée sur un panier de devises (également appelée stablecoin). Genève, où avait choisi de s’implanter l’association au centre de ce qui s’appelait encore libra, devenait à sa grande surprise un lieu central des nouvelles technologies financières.

Les régulateurs inquiets

L’ampleur du projet a rapidement inquiété les régulateurs du monde entier, en particulier américains. Mark Zuckerberg, le patron de Facebook (renommé Meta en octobre 2021), dut aller s’expliquer devant le Congrès américain. L’association enregistra des départs, notamment de Visa, PayPal ou Ebay courant 2019. En mai 2021, la Libra devint Diem, déménagea aux Etats-Unis, avec un projet plus modeste recentré sur l’Amérique du Nord. La démission de personnalités clés du projet, dont celle de son maître d’oeuvre David Marcus en décembre 2021, avait encore affaibli la cryptomonnaie imaginée deux ans plus tôt.

Le coup fatal a apparemment été porté l’été dernier, selon Bloomberg, lorsque la Réserve fédérale américaine a averti la banque censée lancer le stablecoin, Silvergate, qu’elle ne pouvait pas lui accorder son blanc-seing. Faute de garantie que sa future activité soit considérée légale, Silvergate ne pouvait pas lancer le diem sans risquer des poursuites. Trop risqué. Aucune des parties prenantes n’a souhaité faire de commentaires à l’article de Bloomberg. ■

Economie & Finance

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2022-01-28T08:00:00.0000000Z

2022-01-28T08:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281784222481633

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