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Une harceleuse du Net condamnée à Genève

FATI MANSOUR @fatimansour * Les prénoms sont fictifs

Messages malveillants, menaces et injures anonymes. La jeune femme est reconnue coupable d’avoir provoqué un cataclysme au sein du collège pour adultes. Elle écope de 12 mois de prison avec sursis

Julia* n'a pas du tout réussi à convaincre le Tribunal de police genevois qu'elle était tout simplement incapable d'être la harceleuse anonyme et obsessionnelle ayant inondé ses proies de messages malveillants. Le jugement, tombé le 21 janvier, retient que cette jeune femme avait suffisamment d'aisance informatique et de maîtrise des réseaux sociaux pour pouvoir devenir une spécialiste du «stalking». Reconnue coupable de toute une série d'infractions pour avoir fait vivre un enfer à ses victimes – notamment sa professeure de français, la direction du collège pour adultes et un ex-copain –, elle est condamnée à 12 mois de prison avec sursis. Une peine encore plus sévère que celle réclamée par le Ministère public.

Lors de son procès, qui s'est déroulé le 19 novembre dernier, Julia, 25 ans, a plaidé son acquittement tout en assurant qu'elle n'était pour rien dans ces centaines de courriels, ces commentaires injurieux, ces faux comptes, ces menaces, ces envois d'émoticones avec cercueil, ces fausses commandes de plats à livrer et autres jeux malsains ayant poussé certaines victimes à se barricader chez elles. Aux yeux du tribunal, le dossier dit bien le contraire.

Méchanceté et espièglerie

Le jugement rappelle tout d'abord que la prévenue a déjà eu des ennuis pour avoir harcelé les enseignants de son précédent collège. Les similitudes entre les deux affaires sont qualifiées «d'éloquentes». Pour les faits concernant l'ex-copain, la décision retient qu'elle a agi de manière obsessionnelle, par méchanceté et par esprit de vengeance. Elle a ainsi entrepris de déstabiliser et de saboter l'activité professionnelle du malheureux en s'en prenant à son site internet qui vantait des offres touristiques.

Quant au volet collège du soir, plus consistant encore, «le tribunal a acquis la conviction que la prévenue est à l'origine du cataclysme ayant touché, au printemps 2019, diverses personnes associées au Copad et qu'elle a échafaudé un ingénieux stratagème en prétendant être victime au même titre que son enseignante, afin de se rapprocher de celle-ci». Une enseignante pour laquelle elle avait une indéniable attirance et qu'elle a également persécutée par espièglerie et malignité.

Interdiction de contact

Luca*, compagnon de cette époque trouble, rentier AI qui se cultivait l'esprit au sein du même collège du soir, accusé d'avoir été le complice intellectuel de cette entreprise de déstabilisation, obtient quant à lui son acquittement. «Son aide n'est pas avérée», souligne le tribunal.

Pour Julia, la bonne nouvelle est que le tribunal lève les mesures de substitution qui lui interdisaient d'utiliser internet depuis mai 2019, soit depuis sa sortie de deux semaines de détention provisoire. La jeune femme, dont l'expert a dit qu'elle recherchait l'attention et le spectaculaire, devra se soumettre à un suivi psychiatrique. Tout contact avec ses deux principales victimes est prohibé durant quatre ans. C'est aussi la durée du sursis fixée de manière «à la dissuader de récidiver». Défendue par Me Jacqueline Mottard, Julia compte «a priori» faire appel.

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2022-01-28T08:00:00.0000000Z

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