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Caritas «a mené sa plus grande opération de secours»

MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFarine

L’organisation estime que la pandémiede Covid-19 doit nous pousser à lutter contre la pauvreté. Lundi, elle lançait un appel avec six axes, dont un logement abordable et un travail décent

La crise du covid n’a pas créé la pauvreté en Suisse. Mais elle l’a amplifiée et rendue plus visible. C’est l’un des constats de Caritas, qui lançait lundi son appel pour une Suisse sans pauvreté. «Les images du printemps 2020 montrant des personnes faire la queue pour la distribution de nourriture dans des villes suisses, ont marqué les esprits. En Suisse, la pauvreté se manifeste rarement aussi ouvertement», a souligné Aline Masé, responsable du service Politique sociale, lors d’une conférence de presse à Berne.

L’organisation d’aide n’a pas de chiffres plus récents que les statistiques de l’OFS sur la pauvreté en 2019, qui montraient que 735000 personnes étaient touchées par la pauvreté (soit 8,7% de la population). Si l’on ajoute la population qui vit juste au-dessus du seuil de la pauvreté, le total monte à 1,3 million de personnes.

Mais Caritas peut se baser sur ses opérations sur le terrain: «Pendant la crise du coronavirus, Caritas a mené sa plus grande opération de secours en Suisse à ce jour, parallèlement à son travail de base et ses projets quotidiens avec les personnes touchées par la pauvreté», a ajouté Marianne Hochuli, responsable du secteur Etudes. Avant de détailler: «Elle a multiplié les consultations aux personnes, payé des loyers ou des primes d’assurance maladie impayées et même distribué des bons d’achat. Par le biais de cette opération d’aide, Caritas a pu constater à quelle vitesse des familles entières se retrouvent dans le besoin.»

Caritas note que les demandes à l’aide sociale n’ont pas explosé avec la crise, notamment grâce aux mesures d’aide comme le chômage partiel ou les allocations pour perte de gain. «Mais plusieurs de ces mesures expireront l’année prochaine, avec des conséquences encore incertaines», a poursuivi Marianne Hochuli.

La pauvreté, le «plus grand défi sociopolitique de notre temps»

Tout cela doit conduire à un «réveil», estime Caritas, qui voit la pauvreté comme le «plus grand défi sociopolitique de notre temps» et qui estime qu’on ne «prend pas suffisamment au sérieux son ampleur». Ce, alors que la pauvreté ne cesse de progresser depuis 2014, même si le produit intérieur brut, lui, a continué d’augmenter, à l’exception de l’année 2020.

Une stratégie est nécessaire, a poursuivi l’organisation, d’autant que les causes sont structurelles et pas individuelles. Caritas cite l’exemple des 155000 working poor que compte le pays, soit des personnes qui, malgré leur emploi, ne disposent pas de revenus suffisants pour vivre. Caritas a défini six axes, dont un travail «décent», l’égalité des chances dans la formation, une meilleure prise en charge extra-familiale, une réduction des primes d’assurances maladie pour les ménages à faibles revenus et une garantie de soins de qualité, un minimum vital garanti et des logements à prix abordables.

Sur ce dernier point, Sophie Buchs, directrice de Caritas Genève, a rappelé «que 8000 personnes ou familles sont sur liste d’attente dans le canton pour un logement subventionné. Contrairement aux queues de personnes allant chercher des colis alimentaires, c’est peu visible, mais c’est une queue aussi qui doit nous rappeler que ces personnes sont actuellement soit mal logées, paient trop cher, sont dans des logements trop petits ou insalubres», a-t-elle souligné.

«Ce n’est que si nous parvenons à garantir à toutes et tous une participation sociale digne de ce nom que nous serons suffisamment armés pour surmonter les crises déjà existantes et relever les défis à venir», a affirmé Andreas Lustenberger, responsable politique et affaires publiques de Caritas. ■

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2021-12-07T08:00:00.0000000Z

2021-12-07T08:00:00.0000000Z

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