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Suzanne Thoma quitte BKW

ÉNERGIE Après avoir réorienté la stratégie du groupe bernois et fermé la centrale de Mühleberg en 2019, la directrice de BKW va dépenser son énergie ailleurs

BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich SUZANNE THOMA DIRECTRICE GÉNÉRALE DE BKW SUR LE DÉPART

■ Suzanne Thoma va devenir administratrice professionnelle. Son profil ne manquera pas d’intéresser nombre d’entreprises

Après avoir réorienté la stratégie du groupe BKW, Suzanne Thoma va dépenser son énergie ailleurs. L’entreprise bernoise a annoncé lundi matin que sa directrice remettrait son mandat durant le premier semestre 2022. Agée de 59 ans, Suzanne Thoma aura travaillé pendant onze ans au sein de la société, dont huit comme directrice générale. Elle compte devenir administratrice professionnelle et il ne fait aucun doute qu’elle sera très sollicitée. Son profil de femme, polyglotte, titulaire d’un doctorat en technique d’ingénierie chimique à l’EPFZ, ne manquera pas d’intéresser nombre d’entreprises.

Lorsqu’elle a repris les rênes de BKW en 2013, son mandat était clair: sortir le groupe bernois de l’atome et le réorienter vers les ressources renouvelables. Son prédécesseur, Kurt Rohrbach, était clairement identifié comme l’homme du nucléaire. Suzanne Thoma a pris la direction de l’entreprise deux ans après la décision du Conseil fédéral de tourner le dos à cette ressource énergétique controversée. Evaluant le risque économique de la poursuite de l’exploitation de la centrale de Mühleberg (BE), en service depuis 1972, elle est parvenue à la conclusion que le jeu n’en valait plus la chandelle. Les charges de désaffectation et de gestion des déchets ne cessaient d’augmenter. Elle a par conséquent annoncé que l’usine située sur la rive gauche de l’Aar cesserait de produire de l’électricité le 20 décembre 2019.

Réorientation du groupe

Plus aucun kilowattheure ne sort de Mühleberg depuis cette date. La phase de désaffectation a débuté et le site devrait être rendu à la nature ou réindustrialisé au milieu des années 2030. Le groupe bernois n’a toutefois pas complètement tourné le dos à l’atome: il détient encore une participation minoritaire (14%) dans la centrale argovienne de Leibstadt.

L’arrêt du réacteur de Mühleberg a réduit de 25% la production indigène d’électricité au sein du groupe et de 5% la fourniture de courant électrique sur le plan national. Cela a été remplacé par des importations. Mais Suzanne Thoma a, en parallèle, réorienté son groupe industriel vers de nouvelles ressources: les énergies renouvelables, logiquement, mais aussi la technique du bâtiment, les services d’infrastructures et l’ingénierie. Pratiquant la stratégie du chasseur, BKW a racheté à tour de bras de petites sociétés actives dans ces domaines, en Suisse, en Allemagne et en Autriche. Quelques sous-traitants romands sont aussi passés dans le giron de BKW. La part des divisions Building Services, Engineering et Infra Services représente désormais près de la moitié du chiffre d’affaires du consortium.

Si les compétences de Suzanne Thoma ont été largement reconnues, son salaire a fait couler beaucoup d’encre. Et de salive. En 2020, il s’est élevé à 1,93 million de francs, prestation de l’employeur à la prévoyance professionnelle incluse. Son revenu global avait même dépassé les 2 millions en 2018. Cela a déclenché une vague de protestations politiques dans le canton de Berne. Sommé de s’expliquer, le gouvernement cantonal a publié un rapport sur la rémunération de ses cadres supérieurs. Le Grand Conseil s’est saisi du dossier en mars dernier. Il a adopté un amendement qui invite le Conseil exécutif à «plafonner les rémunérations» de ses cadres, voire à les diminuer.

Si ses compétences ont été largement reconnues, son salaire a fait couler beaucoup d’encre. Et de salive

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2021-12-07T08:00:00.0000000Z

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