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Le futur réseau social de Trump, objet de tous les fantasmes

ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

L’ancien président américain prépare toujours le lancement de son réseau social, intitulé Truth Social, pour début 2022. Un milliard de dollars a été levé ce week-end. Mais pour quoi faire?

tIl y a de l’argent, peut-être des idées. Mais pour l’heure, rien de concret à présenter. Samedi, Donald Trump annonçait la levée de 1 milliard de dollars pour créer sa propre plateforme de média. L’idée, en gestation depuis des mois, devrait se concrétiser sous la forme d’un réseau social début 2022. Mais pour l’heure, les promesses initiales n’ont pas été tenues. Et le premier blog de l’ancien président américain, lancé ce printemps, n’est resté en ligne que quelques jours.

Pour l’heure, les avancées de ce chantier sont surtout à aller chercher à Wall Street. Car c’est via une opération financière à la mode que Donald Trump est en train de préparer son retour en ligne. Samedi, le 45e président américain annonçait avoir levé 1 milliard de dollars via sa société Trump Media & Technology Group (TMTG). Cette dernière est appelée à fusionner avec l’entreprise Digital World Acquisition Corp, qui est en réalité une coquille vide. C’est ce que l’on appelle un «SPAC», ou société d’acquisition à vocation spécifique. Digital World Acquisition Corp est coté en bourse mais ne produit rien et n’a aucun autre but, actuellement, que de fusionner avec TMTG: l’entreprise de Donald Trump pourra ainsi directement entrer à Wall Street et bénéficier de l’argent déjà levé par Digital World Acquisition Corp, soit 293 millions de dollars.

«Nous vivons dans un monde où les talibans ont une immense présence sur Twitter, alors que votre président favori a été censuré»

DONALD TRUMP

«Résister à la tyrannie»

C’est donc avec le milliard levé auprès d’investisseurs dont le nom n’a pas été communiqué, plus les 293 millions du SPAC, que Donald Trump pourra compter pour sa plateforme. L’ancien président bénéficiera en outre de la valorisation de Digital World Acquisition Corp, qui s’élevait mardi à 1,63 milliard de dollars. Son action vaut environ 43 dollars, soit moitié moins que fin octobre, lorsque les investisseurs du SPAC avaient appris qu’ils allaient être associés aux projets de Donald Trump. A noter que ce lundi, le gendarme boursier américain – la SEC – ouvrait une enquête à propos de cette communication effectuée avant l’accord entre le SPAC et l’entreprise de l’ex-président.

Malgré la volatilité de l’entreprise cotée, l’ancien président républicain dispose désormais d’un trésor de guerre. Restera à voir comment il sera utilisé. Donald Trump avait déjà esquissé les contours de son futur réseau, Truth Social, en février de cette année, soit quelques jours après son bannissement de Twitter, Facebook ou encore YouTube, à la suite de l’invasion du Capitole le 6 janvier. Le milliardaire affirmait alors vouloir «résister à la tyrannie des géants technologiques» et s’était indigné d’avoir été «réduit au silence». Samedi, l’homme d’affaires écrivait dans un communiqué que «1 milliard de dollars envoie un message important aux géants de la tech: la censure et la discrimination politique doivent cesser.»

Un blog éphémère

Initialement, une version test de Truth Social devait être ouverte à une sélection d’internautes en novembre. Mais ce premier délai n’a pas été tenu par les équipes de Donald Trump, aucune inscription n’étant possible. Aujourd’hui, seul le premier trimestre 2022 est évoqué pour le lancement de cette plateforme en ligne, dont on ne sait quelle forme elle prendra. Une chose est certaine, le prédécesseur de Joe Biden voue une haine tenace aux plateformes qui l’ont exclu. «Nous vivons dans un monde où les talibans ont une immense présence sur Twitter,

alors que votre président favori a été censuré», écrivait-il plus tôt cette année. «Tout le monde me demande pourquoi personne ne résiste aux géants de la tech? Ce sera bientôt nous», affirmait-il.

L’ancien président avait notamment perdu ses 88 millions d’abonnés sur Twitter début janvier après son bannissement, sans compter 32 millions de suiveurs sur Facebook, 24 millions sur Instagram et 3 millions sur YouTube. Il avait aussi été banni du réseau alternatif Parler. Donald Trump avait tenté de revenir en ligne en mai avec le lancement d’un simple blog, intitulé «From the Desk of Donald J. Trump». Son équipe avait présenté ce site web comme une nouvelle «plateforme de communication», avant de revenir en arrière. Il s’agissait en fait d’un bon moyen de retrouver certaines déclarations de Donald Trump, «mais ce n’était pas un nouveau réseau social».

Polémique sur une licence

Les chiffres d’audience de ce blog n’ont vraisemblablement pas été bons, incitant ses responsables à tirer la prise un mois après. Le site web avait suscité un peu plus de 200000 «engagements», soit des liens postés sur les réseaux sociaux et renvoyant vers ses publications. Alors qu’avant son bannissement de Twitter, chacun de ses messages était diffusé et commenté des centaines de milliers de fois. Un épisode qui montre la difficulté à se passer de porte-voix tels Twitter, Facebook ou Instagram, alors qu’aucun réseau social alternatif durable n’a émergé ces dernières années.

Malgré la volatilité de l’entreprise cotée, l’ancien président républicain dispose désormais d’un trésor de guerre

Pour l’heure, Truth Social a surtout fait parler de lui via une petite polémique début novembre. L’organisation Software Freedom Conservancy (SFC) avait brièvement analysé une version de la plateforme et avait pu constater qu’elle se basait sur le code open source d’un autre réseau social alternatif, Mastodon. La SFC avait alors accusé l’équipe de Donald Trump de ne pas respecter les conditions de sa licence, ce qu’elle a fait depuis.

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2021-12-07T08:00:00.0000000Z

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