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UBS, la machine à profits

MATHILDE FARINE, ZURICH @MathildeFarine

FINANCE La plus grande banque suisse voit son bénéfice net grimper de 2,28 milliards de dollars (2,1 milliards de francs), en hausse de 8,9% sur un an

■ Toutes les régions et divisions d’UBS ont dévoilé des chiffres positifs, notamment la banque d’investissement. La gestion de fortune progresse de 43%

■ La progression de l’action UBS depuis le début de l’année s’élève à +30%. Une évolution qui contraste avec celle de Credit Suisse, dont le titre accuse -14%

■ La banque a généré des profits avant impôts lors de six des sept derniers trimestres. Son niveau de bénéfices dépasse celui des 19 derniers trimestres

La plus grande banque suisse a publié des résultats supérieurs aux prévisions au troisième trimestre. Le cours de l’action, en hausse de 30% contre un recul de 14% pour sa rivale, reflète cette évolution

tIl faudra près d'un an et demi à Ralph Hamers pour présenter sa nouvelle stratégie à la tête d'UBS. Elle est prévue pour février prochain. Contre quelque six mois pour Antonio Horta-Osorio si le nouveau président de Credit Suisse présente début novembre sa nouvelle approche pour tourner la page de plusieurs années de scandales, comme les rumeurs l'affirment de façon toujours plus pressante.

Il faut dire que le numéro un bancaire n'est pas dans la même situation d'urgence que son rival, plombé par des affaires. Le deuxième trimestre avait déjà été très bon. UBS avait même vécu les meilleurs mois d'avril à juin de son histoire, alors que Credit Suisse décevait les analystes. Les résultats publiés ce mardi ne vont certainement faire qu'accentuer l'écart entre les deux établissements. UBS a vu son bénéfice net grimper de 2,28 milliards de dollars (2,1 milliards de francs), en hausse de 8,9% sur un an. Ce, alors que le troisième trimestre est souvent le plus faible, souligne Michael Kunz, analyste de la Banque cantonale de Zurich dans une note.

Toutes les divisions en hausse

Credit Suisse, qui publiera ses chiffres début novembre, devrait voir son bénéfice se réduire à peu de chose. D'après une moyenne des prédictions des analystes réalisée à la mi-octobre, son bénéfice net devrait atteindre quelque 300 millions de francs. Sauf qu'entretemps est arrivé la semaine dernière l'accord avec les autorités américaine et britannique sur l'affaire dite des «tuna bonds» au Mozambique. La banque s'est engagée à payer 475 millions de dollars d'amende et à oublier une dette de 200 millions que le pays lui doit. L'impact sur ses résultats sera de «seulement» 230 millions, a informé Credit Suisse.

A UBS, toutes les régions et divisions ont dévoilé des chiffres positifs, avec une contribution particulièrement solide et inattendue de la banque d'investissement (pas loin du double des prévisions des experts, en hausse d'un tiers à 837 millions). La gestion de fortune a également progressé de 43% à 1,5 milliard. Un record pour cette division qui constitue le coeur de l'activité de la banque. Cette dernière a en outre collecté 19 milliards de nouveaux actifs générant des commissions. La masse sous gestion totale atteint 4432 milliards (gestion de fortune et gestion d'actifs cumulées).

Progrès dans la gestion des coûts

«Sans les vents favorables des marchés, cette performance n'aurait pas été aussi prononcée, estime Michael Kunz. Mais il faut reconnaître que la banque a fait beaucoup de progrès en particulier dans son ratio de coût sur les revenus.» Ce dernier est descendu en dessous de 70%, un niveau qui n'avait plus été atteint depuis la crise financière de 2007, pointe de son côté Andreas Venditti, analyste chez Vontobel. A noter aussi, le rendement des fonds propres qui se monte à 20,8%, bien au-dessus de l'objectif que se fixe la banque entre 12 et 15%.

A l'ouverture de la bourse, l'action UBS grimpait de 2%. Mais c'est la progression depuis le début de l'année qui est surtout marquante: +30%. Une évolution qui contraste là aussi avec celle de Credit Suisse, dont le titre a reculé de près de 14% depuis janvier, en raison notamment de l'impact de la perte liée à l'implosion du hedge fund Archegos.

Ralentissement au dernier trimestre

Andreas Venditti, qui recommande d'acheter l'action UBS et de garder celle de Credit Suisse, souligne en outre à quel point la première est devenue une machine à produire des bénéfices ces derniers mois: «UBS a généré des profits avant impôts dépassant les 2 milliards lors de six sur sept des derniers trimestres, alors qu'elle n'avait pas atteint ce niveau de bénéfice sur les 19 trimestres précédents (entre le deuxième trimestre 2015 et le quatrième de 2019).»

«Les résultats du jour donneront certainement un coup de pouce à l'action, mais il faut se demander combien de temps cet environnement de marché (presque trop) parfait va rester», prévient néanmoins Michael Kunz. A lire les notes de bas de page du communiqué d'UBS, cette dernière, qui cite des risques liés à la pandémie et aux goulets d'étranglement dans la chaîne d'approvisionnement, en est consciente. C'est aussi au cours du dernier trimestre de cette année, en décembre, qu'UBS saura ce que l'affaire de l'évasion fiscale en France lui coûtera finalement.

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2021-10-27T07:00:00.0000000Z

2021-10-27T07:00:00.0000000Z

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