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La cote de popularité de Joe Biden s’érode

La cote de popularité du président démocrate s’érode, pour atteindre le faible score de 40%. Mauvaise passe à l’approche des Midterms ou tendance de fond?

VALÉRIE DE GRAFFENRIED, NEW YORK @VdeGraffenried

ÉTATS-UNIS Une simple mauvaise passe à l’approche des «midterms» ou une tendance de fond de plus en plus marquée? La cote de popularité de Joe Biden est en chute libre. Elle avoisine désormais les 40%. Seul Donald Trump a enregistré des scores similaires à ce stade précoce du mandat. Le président démocrate, qui se voulait rassembleur, «capable de soigner l’âme de l’Amérique», fait face à un pays extrêmement divisé et toujours polarisé. Et à un électorat pessimiste, qui craint une détérioration de l’économie.

Si Joe Biden accorde la moindre importance aux récents sondages, il a du souci à se faire. Sa cote de popularité est en chute libre. Elle avoisine désormais les 40%, selon un sondage Grinnell College/Selzer. Seul son prédécesseur Donald Trump, unique président des Etats-Unis depuis la Deuxième Guerre mondiale à ne jamais avoir atteint les 50%, a eu des scores similaires à ce stade précoce du mandat. Or les élections des Midterms, qui auront lieu en novembre 2022, approchent, avec cette question, cruciale: les républicains parviendront-ils à reprendre la majorité au Congrès, ne serait-ce que dans une des deux Chambres?

Président rassembleur?

Retrait catastrophique d’Afghanistan, pandémie difficile à maîtriser avec la montée en puissance du variant Delta, inflation galopante, chantiers titanesques bloqués au Congrès, pression migratoire à la frontière sud: les raisons de cette chute de popularité sont nombreuses. Le site FiveThirthyEight a fait les calculs, en cumulant les résultats de l’ensemble des sondages: au 25 octobre, Joe Biden recueillait en moyenne 43,5% d’avis favorables pour 50,6% d’avis défavorables. Bien sûr, il serait trop tôt pour en tirer des conclusions. Harry Truman, dont le buste trône dans le Bureau ovale, a connu des taux de popularité faibles, mais a malgré tout été réélu, alors même que les démocrates avaient perdu le contrôle du Congrès aux Midterms. D’autres présidents américains, dont Ronald Reagan, Bill Clinton et Barack Obama, ont connu un sort similaire.

Mais chez Biden, les signaux d’alerte sont particuliers: dans presque tous les sondages nationaux de ces trois derniers mois, il perd des points au sein de la plupart des groupes démographiques. Surtout chez les jeunes, les femmes, les Latinos et les

Afro-Américains. Un sondage Quinnipiac montre même que sa cote de popularité flirte avec les 30% chez les électeurs latinos du Texas. Il conserve un soutien plus important parmi les hommes blancs ayant fait des études supérieures, et les électeurs âgés. Or, traditionnellement, les présidents démocrates avaient jusqu’ici plutôt tendance à séduire davantage les jeunes que les vieux, les femmes que les hommes.

Que disent ces sondages de l’état de l’Amérique? Que le pays reste extrêmement divisé et polarisé. Séparé en deux camps presque irréconciliables. Joe Biden a voulu se présenter en président rassembleur, capable de «soigner l’âme de l’Amérique», mais force est de constater qu’il n’a, pour l’instant, pas su relever ce défi. Plus inquiétant, il perd de l’influence parmi son propre électorat, déçu. «En tant qu’instantané fugace, les sondages semblent dépeindre un électorat pessimiste et même désespéré. Non seulement les Américains croient que la nation est sur la mauvaise voie, mais ils disent que le pays est pire qu’il y a un an, lorsque Donald Trump était encore président», relève le spécialiste des sondages Nate Cohn, correspondant pour The Upshot dans le New York Times. Selon le dernier sondage Grinnell/Selzer, 52% des Américains jugent que la démocratie américaine est en danger majeur, taux qui dépasse les 70% chez les républicains.

Confronté à des divisions au sein de son propre parti

Le Congrès s’écharpe autour de ses plans d’investissement titanesques, qui jusqu’ici prévoyaient notamment une hausse d’impôts pour les sociétés et les contribuables les plus riches, alors qu’une commission, presque alibi, tente de refaire l’enquête sur l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021. Selon Morning Consult/ Politico, plus de 60% des électeurs estiment que Joe Biden est responsable de la hausse de l’inflation, or la situation économique pèse très lourd dans les élections présidentielles. Et l’heure n’est pas vraiment à l’optimisme: plus de la moitié des Américains tablent sur une détérioration de l’économie ces douze prochains mois.

Cette semaine pourrait être cruciale. Son ambitieux plan d’infrastructures pourrait enfin être adopté grâce à un compromis, avant son voyage jeudi pour l’Europe, pour participer au sommet du G20 à Rome puis à celui de la COP26, à Glasgow. Joe Biden, qui ne ménage pas ses efforts pour faire passer ses réformes économiques et sociales et doit faire face à des divisions au sein de son propre parti, pourrait du coup regagner un peu de popularité. A moins que les compromis consentis et la longueur des tractations n’influencent au contraire l’opinion publique dans un sens négatif.

Les élections en Virginie le 2 novembre auront également valeur de test. Même Barack Obama a dû intervenir, dimanche, à Richmond, pour soutenir le démocrate Terry McAuliffe face au républicain Glenn Youngkin, pour le poste de gouverneur. Le démocrate semble en perte de vitesse. Joe Biden y a fait aussi le déplacement mardi soir. Pour celui qui fêtera ses 79 ans le 20 novembre, une victoire d’un trumpiste en Virginie serait de très mauvais augure. ■

«Les sondages semblent dépeindre un électorat pessimiste et même désespéré» NATE COHN, EXPERT EN SONDAGES

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