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Ex-voto et herbes miraculeuses

SIMON PETITE, LIONEL PITTET @SimonPetite @lionel_pittet

Vendredi, 10h, Mariastein. Chacun sa route, chacun son destin. Ce matin, je laisse Lionel à ses aventures. J’ai décidé de faire un petit détour sur le chemin de Bâle. Me voici à Mariastein, agglomération tout entière dédiée à son monastère.

L’endroit est un havre de paix. La légende raconte qu’au XVe siècle un jeune garçon a été sauvé d’une chute d’une anfractuosité dominant une falaise par la Vierge Marie. C’est le début du pèlerinage. Deux siècles plus tard, des moines bénédictins venus de Soleure s’installent à Mariastein et construisent l’abbaye. Les lieux attirent 250000 personnes par année. Un couloir parsemé de plaques exprimant la gratitude à la Vierge mène jusqu’à la grotte. Comme celle de cet aviateur bâlois, qui assure avoir été sauvé miraculeusement d’un crash le 24 janvier 1948. Les plaques viennent du monde entier.

Les moines gèrent aussi un magasin et louent un hôtel et un restaurant. Mais la moitié des 16 moines ont plus de 80 ans. Nous pourrons encore assumer nos tâches quelques années. Mais ensuite… mettentils en garde dans un prospectus traduit dans toutes les langues. Une association des Amis du monastère de Mariastein s’est donc constituée pour rechercher des fonds et pérenniser cet endroit unique.

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10h30, Laufon. Si je vous dis Cailler, vous pensez Broc. Nestlé? Vevey. Camille Bloch? Courtelary. Oui: beaucoup des grandes marques suisses qui peuplent l’imaginaire collectif ne se départissent pas de leur ancrage territorial. Mais Ricola? Ça vient d’où, Ricola? Vous n’en savez sans doute rien. Mais vous êtes peut-être plus cultivés que moi – ce qui est bien possible. Ou, autre option, vous avez déjà rallié Bâle depuis Delémont sans emprunter l’autoroute. Car dans ce cas, vous n’ignorez pas que les fameux bonbons sont produits à Laufon. Ri-co-la, comme le yodel de la pub, c’est Richterich & Compagnie Laufen.

Il y a dans ce bourg d’environ 5000 habitants le siège social et l’usine de la marque, dont 7 milliards de friandises sortent chaque année avant d’être exportées, pour 90% d’entre elles, vers 45 pays différents. Une bonne partie des 500 employés du groupe qui s’est constitué sur la base de l’ancienne confiserie Richterich travaille ici.

Je m’y suis pris un peu tard pour pouvoir visiter les installations. Mais à quelques kilomètres de Laufon, dans le charmant village de Nenzlingen, l’entreprise a installé un jardin aux herbes où il est possible de se promener librement. Je pénètre les lieux, bien décidé à percer le mystère de la recette de 13 herbes qui constitue la base de chacun des 60 produits du confiseur. Problème: il n’y a pas que 13 herbes cultivées ici, mais des centaines.

«La recette secrète? Nous l’avons bien cachée», me glisse une dame qui jardine. Elle est l’une des deux employées du site, depuis l’an 2000, et si le boulot lui laisse quelques douleurs au dos, elle l’apprécie toujours autant. J’imagine bien qu’il faut un peu plus d’espace pour produire les 1400 tonnes d’herbes fraîches que Ricola transforme chaque année… Mais l’endroit est joli et le parfum, délicieux. En redescendant la colline, j’aperçois de la menthe sauvage au bord de la route, et puis un champ de fleurs en libre cueillette. Là-bas, au sud, c’est Laufon. Mais oui, vous savez: la ville de Ricola.

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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