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Le niveau de la science-fiction suisse monte

ANTOINE DUPLAN @duplantoine

Dans «Tides», Tim Fehlbaum imagine un naufrage civilisationnel sur une Terre submergée. En salle ce mercredi

Le cinéma suisse est plus à l'aise avec le drame alpestre qu'avec la science-fiction. De rares exceptions confirment cette règle, comme L’Inconnu de Shandigor, de Jean-Louis Roy, 2069 – oder dort… de Fredi M. Murer, Cargo d'Ivan Engler et Ralph Etter ou Heimatland (film collectif ). En 2011, Tim Fehlbaum, né à Bâle en 1982, s'essaie au récit conjectural avec Hell, situé sur une terre brûlée par le soleil. Il récidive ce mercredi sous le signe de l'eau avec Tides («Marées», en français).

Quand les océans ont englouti la terre, une partie de la population a migré sur Kepler-209. Frappés de stérilité (syndrome Les Fils de l'homme), les survivants observent leur no future. Ils dépêchent une mission sur la planète mère. L'atterrissage se passe mal: un astronaute est tué, l'autre blessé. Reste Louise Blake. Elle s'aventure sur une morne plage sans fin jonchée de limules et de méduses. Capturée par une bande des pêcheurs sauvages, jetée dans un cul-de-basse-fosse marine, elle attend la marée montante qui la noiera.

Humanité fangeuse

Avec l'aide d'une petite fille, car les derniers Terriens ont des enfants, la captive parvient à sortir du trou. Un autre clan, mieux organisé, mieux armé, vient faire une razzia. Ces pillards vivent dans une grande ville faite d'échafaudages et de cargos échoués – on reconnaît les barrages dérisoires vus autour de Miami dans le récent

Reminiscence.

La marée de l'intérêt recule quand l'évocation d'une humanité fangeuse laisse place à ce que Variety appelle un «Space Dad movie». Comme dans Star Wars, Interstellar ou Ad Astra, la quête du père l'emporte sur toute autre considération: le père de Louise faisait partie de la première expédition et, malgré sa promesse solennelle, il n'est jamais revenu embrasser sa fille, préférant régir dans la gadoue une société un peu militaire. Les retrouvailles sont émouvantes. Puis, on sort les mitraillettes et Tides réinvestit (sans excès) le territoire du film d'action.

A signaler un joli gimmick: Louise a reçu de son père une pochette d'allumettes commémorative du centenaire de la mission Apollo 11 pour l'inciter à ne pas avoir peur, car tant qu'il reste une allumette, il reste une lumière d'espoir. Une promesse que l'hygrométrie terrestre n'a pas démentie.

■ Tides, de Tim Fehlbaum (Suisse, Allemagne, 2021), avec Nora Arnezeder, Iain Glen, Sarah-Sofie Boussnina,

Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, 1h44.

Culture

fr-ch

2021-09-27T07:00:00.0000000Z

2021-09-27T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281865826622250

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