L’assurance maladie a besoin d’une réforme radicale

La lecture de votre article du 17 septembre 2021 concernant la prise en charge des subsides d’assurance maladie par les cantons et la Confédération nous met face à une information choc: 16% de la population suisse ne peut accéder aux soins par manque de moyens financiers, ce qui place notre pays en deuxième position mondiale derrière les Etats-Unis pour ce triste palmarès. Les élus de tous bords ne manquent jamais une occasion de louer notre système de santé, qualifié de meilleur du monde, alors qu’il est discriminatoire et inégalitaire.

L’assurance maladie est à l’origine de cette inacceptable situation, puisque le système des franchises porte en lui le terreau qui nourrit les inégalités. L’assuré aux faibles revenus choisit une grosse franchise pour ne pas payer de trop lourdes cotisations mais ne peut pas prendre en charge les frais de santé auxquels il sera confronté. Cet effet pervers, à lui seul, justifie une réforme radicale pour que la plus belle démocratie du monde (selon les mêmes lyriques parlementaires) ne laisse pas sur le chemin de l’incurie 16% de sa population, ce qui fait désordre pour une si belle démocratie. Ce n’est pas la seule raison de refonder l’assurance maladie dans notre pays. La perversité du système permet aux acteurs médicaux d’exercer sans contrôle des coûts ni du bien-fondé de leurs interventions (cf. interventions sur la prostate), et aux assureurs de répercuter l’augmentation des coûts sur leurs assurés, qui paient plein tarif ou s’ils remplissent les conditions, reçoivent des subsides pour faire face à cette dépense. L’assureur est certain d’être payé. La boucle peut continuer à tourner indéfiniment, assurant l’enrichissement du personnel médical et des compagnies d’assurances sur le dos des assurés et de l’Etat (les contribuables comme vous et moi), qui regardent le manège tourner sans que quiconque n’intervienne pour l’arrêter. Et pendant ce temps, 16% de sous-citoyens n’ont pas accès aux soins, dans l’indifférence générale. On a de la chance de vivre en Suisse… ■