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Eric Zemmour, candidat des médias français

Le polémiste est désormais suivi comme un candidat de premier plan. Même s’il n’a toujours pas annoncé sa candidature

R.W.

Il n’a pas encore déclaré sa candidature. Il n’est encore, de son propre aveu, qu’un «candidat au débat». Mais les médias français, eux, ont déjà tranché. Couverture de l’hebdomadaire Paris Match en maillot de bain, pour illustrer une prétendue relation adultère avec une collaboratrice; rediffusion en boucle par BFM TV de son débat du 23 septembre avec Jean-Luc Mélenchon, crédité de 3,8 millions de téléspectateurs; reportages en direct sur son entrevue le lendemain à Budpaest avec le premier ministre hongrois Viktor Orban, en marge d’un sommet «démographique» conçu pour dénoncer le danger migratoire… Eric Zemmour n’a même plus besoin d’ouvrir la bouche. Ses records d’audience, et l’adéquation supposée de ses thèses avec l’opinion d’une bonne partie des Français (un sur cinq a une bonne opinion de lui, de même que 40% des électeurs de droite selon le baromètre Elabe-Les Echos), lui valent une couverture médiatique de quasi-favori dans la course présidentielle. Alors que les sondages, pour l’heure, lui accordent entre 8 et 11% d’opinions favorables.

Distorsion démocratique

Conséquence: une préoccupante distorsion démocratique, que l’intéressé nie, pour mieux l’utiliser à son avantage.

Depuis que le Conseil supérieur de l’audiovisuel a provoqué, à la mi-septembre, la suspension de sa participation quotidienne à la chaîne CNEWS – priée de décompter son temps d’antenne par le CSA – Eric Zemmour ironise en permanence sur cette mesure destinée selon lui à «le guillotiner» politiquement. Et, libéré de ses obligations vis-à-vis de la chaîne d’information possédée par le magnat Vincent Bolloré, le vrai-faux candidat accepte toutes les invitations pour parler de son essai La France n’a pas dit son dernier mot (Ed. Rubempré).

Au final? Une bulle médiatique inédite, dont essaient de profiter ceux qui l’affrontent sur les plateaux, comme le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. De quoi inciter le polémiste à continuer de faire planer le suspense sur sa candidature en tirant à boulets rouges sur les «professionnels de la politique». Lui qui, au quotidien, utilise son livre comme une arme redoutable… de campagne électorale.

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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