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Armin Laschet et l’héritage dilapidé de la CDU

S’ils sont au coude à coude avec les sociaux-démocrates, les chrétiensdémocrates ont connu un plongeon historique dimanche lors des législatives en passant sous la barre des 30%

MARC ALLGÖWER @marcallgower

Il a commis une dernière gaffe devant les caméras. Dimanche matin, au moment de glisser son bulletin dans l’urne, Armin Laschet, qui ne l’avait pas plié correctement, a laissé apparaître son choix. Toute la journée, cette entorse à la règle du secret du vote a alimenté les commentaires. «S’il l’a fait par inadvertance, c’est inacceptable. S’il l’a fait volontairement, c’est tout aussi inacceptable», s’est agacé l’éditorialiste Michel Friedman sur la chaîne internet du quotidien conservateur Die Welt.

Quelle qu’en soit l’explication, cet impair a clos une campagne durant laquelle le candidat de la CDU/CSU à la Chancellerie a essuyé de nombreuses critiques pour ses maladresses. Le point d’orgue: une séquence où il s’esclaffe derrière le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, sur le lieu des intempéries de juillet.

Armin Laschet partait certes avec une mission qui s’apparentait à la quadrature du cercle: se présenter en successeur d’Angela Merkel tout en promettant de la nouveauté. Or à mesure qu’il voyait sa campagne s’embourber, son concurrent social-démocrate, Olaf Scholz, pouvait se contenter d’attendre et de voir sa cote et celle de sa formation prendre l’ascenseur.

Au-delà de sa personne, Armin Laschet et son équipe ont pris acte dimanche d’un fait nouveau: pour la première fois, les chrétiens-démocrates passent sous la barre des 30% au niveau national, chutant quelque cinq points plus bas. Ce seuil faisait jusqu’ici des conservateurs un Volkspartei, concept lui permettant de prétendre répondre aux attentes de l’ensemble du spectre de la société allemande.

Ce recul est particulièrement marqué chez les plus jeunes. Selon de premières estimations, le vote CDU/CSU a baissé de 13% chez les électeurs de moins de 30 ans et de 11% chez les 30-44 ans. Les pertes sont plus limitées chez les 45-59 ans (-8%) et les plus de 60 ans (-7%). S’il affirme tout de même être en position de former le prochain gouvernement – ce qu’il espère faire avec les libéraux du FDP et les Verts – Armin Laschet a une autre épée de Damoclès au-dessus de sa tête: son partenaire bavarois de la CSU, Markus Söder, qui n’avait lui-même accepté de céder la place de candidat à la Chancellerie qu’au terme d’un long bras de fer. Le ministre-président de Bavière avait prévenu: seul celui qui arrive en tête peut prétendre mener les négociations.

Ce recul est particulièrement marqué chez les plus jeunes

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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