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Des élections allemandes au coude à coude

Les sociaux-démocrates bénéficiaient hier soir d’une légère avance lors des premières estimations de sortie des urnes. Les chrétiens-démocrates encaissent un score historiquement bas

DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN t@delphnerbollier

La nuit s’annonçait longue hier soir à Berlin car les résultats des élections législatives étaient plus serrés que prévu. Les premières estimations de sortie des urnes donnaient hier soir, à 19h30, une légère avance pour les sociaux-démocrates du SPD et leur candidat Olaf Scholz. Ce parti était crédité de 25,5% des suffrages, devant les chrétiens-démocrates de la CDU/ CSU et leurs 24,5% de votes.

Les écologistes réussissent un véritable coup en devenant la première force politique dans la capitale, Berlin

Pour le SPD, ce résultat, non définitif, est d’ores et déjà une victoire. Le parti pourrait avoir gagné 5 points par rapport aux élections de 2017. «La nuit sera encore longue», a reconnu Olaf Scholz, acclamé au siège de son parti. «Les électeurs ont en tout cas décidé de faire monter le SPD. C’est une grande réussite», a-t-il ajouté. Son secrétaire général, Lars Klingbeil, s’est voulu plus direct. «Le SPD est de retour. Les gens veulent Olaf Scholz comme chancelier», estime-t-il. En cas de réelle avance du SPD dans les urnes, l’actuel ministre des Finances pourrait prendre la place d’Angela Merkel à la Chancellerie et devenir le premier chancelier social-démocrate depuis Gerhard Schröder. Il faudra pour cela qu’il réunisse une majorité parlementaire derrière lui, probablement avec les écologistes et les libéraux du FDP. Pour les chrétiens-démocrates (CDU/ CSU), en revanche, ces résultats marquent une défaite historique, avec près de 8 points de baisse en quatre ans. Jamais cette famille politique n’était tombée au-dessous des 30%. «Nous ne pouvons pas être satisfaits de ces résultats», a lancé Armin Laschet, un peu avant 19h, en se présentant devant les membres de son parti, aux côtés de la chancelière Angela Merkel. Ces mauvais résultats sont aussi une défaite de cette dernière qui n’a pas réussi à renverser la tendance malgré sa participation à de nombreux meetings électoraux ces derniers jours. «L’issue du scrutin n’est toutefois pas encore connue», a ajouté Armin Laschet. L’espoir de conserver la Chancellerie n’est en effet pas perdu. La CDU/CSU espérait un ajustement des résultats au cours de la soirée en sa faveur.

Si elle passait devant le SPD, elle pourrait tenter de former une coalition, dite Jamaïque, avec les écologistes et les libéraux du FDP.

Demi-victoire pour les écologistes

Pour les écologistes, ce scrutin est une demi-victoire. D’un côté, ils échouent à obtenir la Chancellerie, comme l’a reconnu Annalena Baerbock, la candidate des Verts, mais ils obtiennent un score historiquement haut au niveau fédéral, avec 13,8% des suffrages, à 19h15, soit une hausse de 5 points. Troisième formation du pays, les écologistes s’imposent comme un acteur incontournable dans une future coalition gouvernementale. «Nous avons un mandat pour l’avenir», a lancé Annalena Baerbock, acclamée par ses troupes. Les écologistes réussissent aussi un véritable coup en devenant la première force politique dans la capitale, Berlin, où les électeurs renouvelaient aussi leur parlement régional ce dimanche. Ils y balaient les sociaux-démocrates.

Autre formation qui devrait jouer les faiseurs de chancelier, les libéraux du FDP voient leurs scores légèrement augmenter, à 11,7% des suffrages. «Le FDP a réussi l’un des meilleurs résultats de son histoire», s’est réjoui le patron des libéraux, Christian Lindner, qui ne cache pas briguer un poste de ministre des Finances dans un futur gouvernement.

L’extrême droite freinée

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne voit son ascension freinée avec une légère baisse de 1,5 point en quatre ans. Le parti obtiendrait 10,9% des suffrages, mais réussit à frapper fort dans ses bastions de l’Est du pays. Dans les cinq nouveaux Bundesländer, il se place en deuxième position avec 21% des suffrages, derrière les sociaux-démocrates mais devant les conservateurs. Il réussit surtout un carton plein dans la Saxe où il progresse et confirme sa première place avec 29,8% des suffrages. Grosse déception en revanche pour le parti de gauche radicale Die Linke, qui flirte avec les 5% et pourrait peiner à entrer au Bundestag. Sa faiblesse met un terme aux spéculations entourant une possible coalition avec les sociaux-démocrates et les écologistes.

A 20h, hier soir, la patience était donc de mise dans les états-majors des partis politiques. Si le pays semblait se diriger vers une coalition dite du feu tricolore, entre le SPD, le FDP et les Verts (en référence aux couleurs associées aux trois partis), une coalition Jamaïque dirigée par les conservateurs de la CDU/CSU, les Verts et les libéraux n’était pas exclue. La nuit devait donner davantage de clarté en la matière.

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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