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Le projet de Grand Fribourg a du plomb dans l’aile

AÏNA SKJELLAUG @AinaSkjellaug

Seules trois communes, Fribourg, Marly et Belfaux, ont accepté le vote consultatif sur le projet de fusion; les six autres ont jugé le plan trop ambitieux. L’avenir de la gouvernance du Grand Fribourg passera peut-être aux mains du canton

Fribourg n'est pas prête à devenir la troisième plus grande ville romande. Si les projets du Grand Fribourg ne sont pas remis en question, la méthode pour y arriver doit changer: c'est ce qui ressort du vote consultatif de dimanche. Six des neuf communes concernées par la fusion ont refusé le projet. C'est le cas de Granges-Paccot: avec une majorité écrasante de 85%, la commune d'un peu moins de 4000 habitants exclut de poursuivre le processus. Son syndic René

Schneuwly estime que «le résultat est conforme à la manière dont le projet a été mené». Il attend désormais qu'«une profonde réflexion se fasse au sein de l'Assemblée constitutive». «Un projet d'agglomération, pourquoi pas, pourrait remplacer celui de fusion», propose-t-il.

L'enjeu de ce vote consultatif était de dresser un état des lieux des positions des différentes communes, concernées ou non par la fusion, afin de donner une direction claire à l'Assemblée constitutive formée en 2017. Cette dernière est présidée par le candidat malheureux au Conseil des Etats, Carl-Alex Ridoré. «On a un problème, commente-t-il. La loi prévoit que le Grand Fribourg doit conduire au moins 50000 habitants, nous sommes juste en dessous. On peut d'ores et déjà dire que la population de nombreuses communes ne se reconnaît pas dans le cadre proposé, tant du point de vue du périmètre que du point de vue du projet en lui-même. Peutêtre

qu'un périmètre d'emblée un peu plus compact aurait permis de tenir compte d'une meilleure proximité et représentativité des habitants.»

La ville de Fribourg montre son enthousiasme face à la fusion

Le syndic de la ville de Fribourg, Thierry Steiert, constate avec plaisir que ses ressortissants ont accepté à plus de 74% l'intégration de leur commune au processus de fusion du Grand Fribourg. «L'avantage ne serait pas seulement pour eux, mais pour tous les habitants de la future ville de Fribourg. Cela renforcerait non seulement la ville, mais aussi le canton. La position fribourgeoise serait fortifiée par rapport aux interlocuteurs intercantonaux.» Entre résultats attendus et surprises électorales, il commente les votes des différentes communes. «A Avry, qui refuse à plus de 60%, on aurait pu s'attendre à un résultat plus serré, voire à une acceptation, telle que la prônaient les autorités. Le fait que la commune se trouve à l'extrémité du périmètre de fusion a certainement joué un rôle dans le non. L'Assemblée constitutive devra vraisemblablement redéfinir les contours de la fusion.»

Marly aussi accepte le processus de fusion du Grand Fribourg, à 57%. Son syndic Christophe Maillard y lit «un oui assez clair, une envie d'aller au bout du processus». «La population sur le principe est sincère. Je la remercie d'avoir compris l'enjeu du vote et de vouloir aujourd'hui que l'on continue d'étudier la question.»

Michel Moret, le syndic de la petite commune d'Avry (2000 habitants), se désole, lui, du non clair de sa commune à 60,51%. «C'est une déception. Les autorités exécutives et législatives d'Avry étaient pour, c'est une occasion ratée. Pourtant, nous avons fait notre maximum pour passer le message, même s'il n'était pas évident de bien communiquer dans notre situation.» Il lit dans ce refus une peur de la population d'Avry de se retrouver noyée dans une fusion trop grande.

Un canton plus présent?

Le résultat du vote consultatif est une déception également pour Didier Castella, ministre des Institutions du canton de Fribourg. «Durant la campagne, tout le monde était pour un Fribourg plus fort et mieux organisé. Les projets sont cohérents, c'est donc leur gouvernance qui doit être revue. Le canton devra peutêtre prendre la main, avec le risque d'un sentiment de perte d'autonomie de la part des communes.» Le conseiller d'Etat PLR interprète ce refus comme une peur de perte d'identité chez les villageois. Les trois communes qui ont accepté le projet, par contre, partagent la volonté de renforcer leur gouvernance et seraient bénéficiaires sur le plan financier.

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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