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Léger avantage au SPD

Il y a quelques mois, les sociaux-démocrates étaient moribonds. Emmené par Olaf Scholz, le parti fait jeu égal avec les conservateurs

STÉPHANE BUSSARD @StephaneBussard

La succession d’Angela Merkel se joue dans un mouchoir de poche. Hier, au sortir des législatives, Olaf Scholz et le SPD devançaient très légèrement, avec entre 24,9 et 25,8%, l’union conservatrice CDU-CSU menée par Armin Laschet, deuxième avec entre 24,2 et 24,7%. Les Verts et leur candidate Annalena Baerbock récoltent 14,8% des voix, les libéraux du FDP sont à 11,5%, et l’extrême droite de l’AfD se situe entre 10 et 11%. Die Linke, à gauche de la gauche, se situe aux alentours des 5%. Pour la CDU, c’est un score historiquement bas – jamais, depuis sa fondation, le parti n’était tombé au-dessous de la barre des 30% de vote. Désormais, l’heure est aux tractations entre les différentes formations politiques appelées à bâtir une future coalition gouvernementale. Ces tractations risquant de durer plusieurs mois, elles pourraient retarder le départ effectif d’Angela Merkel, 67 ans dont plus de trente passés en politique.

Au début 2021, personne n’aurait imaginé une telle atmosphère dimanche soir à la maison Willy Brandt de Berlin, siège du Parti social-démocrate. Les militants sociaux-démocrates étaient presque euphoriques: ils revenaient de loin. Voici quelques mois, ils comptabilisaient moins de 14% d’avis favorables. Lors des législatives allemandes de ce dimanche, ils obtenaient plus de 25% des suffrages, et devançaient légèrement la CDU/CSU d’Armin Laschet, le candidat chrétien-démocrate à la succession d’Angela Merkel. Par rapport à 2017, le SPD gagne quelque 5 points et la CDU en perd environ 8.

Priorités de Scholz

Pour le SPD, la progression est fulgurante. Mais elle ne garantit pas encore la Chancellerie au candidat Olaf Scholz. S’exprimant devant le parti, ce dernier n’a toutefois pas fait mystère de ses intentions: les citoyens allemands ont, selon lui, clairement indiqué qu’ils voulaient du changement et Olaf Scholz à la Chancellerie.

Ce dernier, qui officie comme vice-chancelier et ministre des Finances dans le gouvernement de coalition d’Angela Merkel, a eu un impact important sur la popularité de son parti. Selon un sondage qui questionnait les Allemands sur leurs préférences s’ils devaient élire directement le chancelier – ce qui n’est pas le cas –, Olaf Scholz obtenait cette semaine 45% des avis favorables contre 20 pour Armin Laschet et 14 pour la candidate des Verts Annalena Baerbock. En mai, Scholz n’obtenait que 21% contre 21% pour Laschet et 28% pour Baerbock.

Le candidat SPD à la succession de Merkel a déclaré quelles seraient les priorités de son gouvernement: restaurer le respect citoyen, moderniser le pays notamment en termes de numérisation et mener une politique climatique digne de ce nom. Le leader social-démocrate a mené une campagne habile en se profilant comme le garant d’une certaine continuité après le départ d’Angela Merkel après seize ans au pouvoir tout en promettant des changements.

Transfert de voix

Le SPD a bénéficié d’un important transfert de voix de la CDU (1360000) et du parti de la gauche radicale Die Linke (590000). Il a en revanche perdu 320000 voix au profit des Verts. L’écrasante victoire (37% des votes) de la ministre-présidente du land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l’ex-ministre de la Famille Manuela Schwesig, est symbolique du retour en force des sociaux-démocrates sur le devant de la scène. Dans ce land du nord dans la partie orientale du pays, la CDU n’a obtenu que 14% des suffrages.

Manifestement, le besoin d’alternance a bénéficié au «partenaire junior» de la grande coalition à la tête de l’Allemagne.

Le SPD devra toutefois tenir compte de la forte ascension des Verts qui ont fait une percée considérable avec une victoire éclatante à Berlin.

Le leader social-démocrate a mené une campagne habile

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2021-09-27T07:00:00.0000000Z

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