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Tanja Stadler, nouvelle femme forte de la task force

FABIEN GOUBET @fabiengoubet

Alors que l’épidémie devrait faiblir et les efforts porter sur les virus susceptible d’échapper aux vaccins, la nomination de cette cheville ouvrière de la surveillance génétique des variants en Suisse tombe sous le sens

Suite logique de l'annonce le 27 mai de la mise en veille de la task force d'ici à l'été, son président, le professeur Martin Ackermann, va passer le relais à la professeure Tanja Stadler. Une nomination qui fait sens.

Du point de vue du calendrier d'abord. Tanja Stadler entrera en fonction lors de la «phase de normalisation» de l'épidémie. La Suisse sera alors dans une nouvelle grande étape de l'épidémie. L'attention sera moins focalisée sur les rares cas ou hospitalisations, et plus sur les variants susceptibles d'échapper à la vaccination.

Spécialiste de l’évolution

Et c'est justement dans ce domaine que Tanja Stadler est compétente. Mathématicienne, professeure de science et d'ingénierie des biosystèmes à l'antenne de Bâle de l'EPFZ, elle applique ses travaux à l'évolution phylogénétique pour analyser, par exemple, l'émergence et l'extinction des espèces vivantes et des virus.

Déjà membre de la task force, c'est notamment sous son impulsion que la Suisse a fini par s'intéresser au séquençage génétique des variants. Elle a contribué à la formation du consortium S3C, réseau responsable des deux tiers des séquences génétiques virales suisses consultables sur Gisaid, une base de données mondiale des séquences génétiques virales. Depuis, l'OFSP a entériné la mise en place d'un programme national de surveillance génomique du SARS-CoV-2.

Or cette surveillance sera cruciale dans les mois qui viennent, rappelle Ioannis Xenarios, professeur de bio-informatique à l'Université de Lausanne et au Centre hospitalier universitaire vaudois et responsable de la plateforme d'analyse du Health 2030 Genome Center: «Il faudra identifier les infections survenant chez des personnes pourtant vaccinées afin de séquencer les génomes des virus et de détecter d'éventuelles mutations qui leur permettent potentiellement d'échapper au vaccin». Dans ce contexte, le nom de Tanja Stadler s'est naturellement imposé. «C'est vraiment sa spécialité, qu'elle appliquait d'ailleurs à d'autres virus d'importance en santé publique avant la pandémie», rappelle Ioannis Xenarios.

A seulement 40 ans, Tanja Stadler est déjà professeure, depuis 2014. Elle apportera à n'en pas douter, en plus de son expertise, un renouveau bienvenu au sein de la task force.

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2021-06-11T07:00:00.0000000Z

2021-06-11T07:00:00.0000000Z

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