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Mobilisation tous azimuts pour l’accès aux vaccins

RAM ETWAREEA @rametwareea

Alors que le G7 s’apprête à annoncer ce week-end de grandes décisions pour accélérer la campagne mondiale de vaccination, le débat sur une dérogation des brevets monte à l’OMC. La pression s’intensifie aussi sur Bruxelles

C’est l’accélération sur le front de la campagne «accès pour tous aux vaccins contre le Covid-19». En attendant de grandes décisions au sommet du G7 ce week-end en Ecosse, le débat autour d’une dérogation provisoire sur les règles de protection de la propriété intellectuelle à l’OMC a avancé un brin ces mardi et mercredi. Du côté européen, le Parlement a désavoué mercredi soir l’exécutif qui y était opposé et lui demande d’appuyer la motion visant à libérer les brevets.

L’initiative à l’OMC qui vise à accélérer la production de vaccins a été déposée par l’Afrique du Sud et l’Inde en octobre dernier. Elle est désormais soutenue par 63 pays, y compris les Etats-Unis et la Chine. L’Union européenne, la Suisse et une dizaine d’autres pays riches forment le front de refus.

La voix des citoyens européens

«Pour la deuxième fois en quelques semaines, le Parlement européen s’est prononcé en faveur d’une libéralisation des brevets afin de lutter contre la pandémie au niveau mondial, a commenté l’eurodéputée Anna Cavazzini, porte-parole du groupe des Verts pour les questions commerciales, jeudi au Temps. Même s’il n’est pas contraignant, le vote qui exprime la voix des citoyens européens ne pourrait pas être ignoré par la Commission.»

Du côté de l’OMC, les membres ont fait un premier pas en avant lors d’une réunion ces mardi et mercredi en vue d’un accord sur une dérogation temporaire des règles de la protection de la propriété intellectuelle sur les vaccins contre le Covid-19. L’UE a maintenu son opposition. En revanche, elle a accepté d’entrer en matière sur la proposition indienne et sud-africaine.

L’UE défend une proposition alternative pour produire des vaccins en grande quantité en multipliant des «licences volontaires» entre entreprises pharmaceutiques aux quatre coins du monde. Elle appelle aussi à recourir aux «licences obligatoires», une disposition prévue par l’OMC et qui permet aux pays de produire des médicaments ou des vaccins en cas d’urgence sanitaire en négociant des droits avec les détenteurs de brevets.

Les craintes de la Suisse

La Suisse ne veut pas non plus faire de concessions sur la protection des brevets. Selon elle, la proposition pour une dérogation contient certes une clause qui fixe la période à trois ans, mais sans garantie qu’elle ne puisse pas être prolongée.

Ce sont les Etats-Unis qui ont dynamisé le débat à l’OMC. Opposée au départ à la démarche de l’Afrique du Sud et de l’Inde, l’administration Biden a changé d’avis le mois dernier. «Nous croyons fermement aux protections de la propriété intellectuelle. Mais nous devons faire le nécessaire pour accélérer la fabrication et la distribution équitable des vaccins», a déclaré mercredi le chargé d’affaires américain David Bisbee.

En effet, la pandémie a frappé 174 millions de personnes, dont 3,7 millions sont mortes à ce jour et près de 2,1 milliards de doses de l’un des sept vaccins homologués par l’OMS ont été administrées. A ce rythme, l’immunité collective ne sera pas atteinte avant fin 2022, d’où les initiatives pour accélérer la production vaccinale.

Economie & Finance

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2021-06-11T07:00:00.0000000Z

2021-06-11T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281809991837568

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