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TOUT AU BOUT DE SES RÊVES…

SYLVIE NEEMAN

Il est rare qu’un film devienne un livre. C’est le cas, et pour notre plus grand plaisir, avec «Kiosque»

◗ A l’origine, il s’agissait d’un court métrage, travail de fin d’études d’une jeune artiste lettone à l’Université des sciences appliquées et des arts de Lucerne. Université qui, avec Virage Film et la RTS, a produit en 2013 ce film d’animation muet de sept minutes, maintes fois primé à travers le monde. Désormais,

Kiosque est aussi un album – remarquable – qui vient de paraître en français aux Editions Pastel/L’école des loisirs.

La talentueuse créatrice qui pilote ces différentes expériences et expressions artistiques, qui a (re)dessiné et (ré)orchestré la transformation de son film en livre, le passage de la bande-son aux mots, s’appelle Anete Melece, elle vit à Zurich et découvrir son univers est un enchantement!

RÊVES D’ÉVASION

L’épaisse couverture de l’album matérialise et symbolise tout à la fois la situation: une fenêtre carrée y est découpée, à travers laquelle le lecteur voit la kiosquière. Ouvrir le livre, c’est découvrir l’univers coloré de cette femme: un fauteuil, une caisse enregistreuse, des journaux et, partout autour d’elle, des sucreries et des snacks de toutes sortes.

Très ronde, massive même, un biscuit à la main, elle regarde un magazine de voyages. Car elle mange et elle rêve, Olga. Et elle rêve et elle mange. A tel point qu’elle ne passe plus la porte de son édicule. Et elle a ses clients fidèles. Une sorte de bonheur, mais contraint. Et plein d’envies d’évasion.

Un beau jour, c’est le drame: le kiosque se renverse. Lorsque Olga parvient à se relever, elle constate qu’elle peut sortir ses bras, ses jambes, relever le kiosque comme on relève une jupe et marcher! Dériver, même, lorsque à la catastrophe suivante elle bascule dans une rivière, se laisse flotter et par bonheur échoue… là où les couchers de soleil sont plus beaux encore que dans ses magazines préférés.

Un album qui parle d’enfermement et de liberté, qui raconte qu’on peut, malgré les ou grâce aux difficultés de la vie, aller au bout de ses rêves. Un album qui dit que la passivité ressemble à une prison douillette, la routine à un baume redoutable. Et aussi que manger peut être une protection, une façon de combler les manques. Et enfin qu’il faut saisir les accidents de parcours comme autant de chances.

Le lecteur a tout le loisir de savourer les délicieuses images d’Anete Melece avec gourmandise: le temps du livre n’est pas celui du film, il appartient à celui qui tourne les pages…

Livres

fr-ch

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/282102049546079

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