Le Temps epaper

Une leçon d’«empowerment» avec Ami Yerewolo

E. S.

Si la scène de hip-hop sénégalaise est immense et sa composante féminine bien présente, le Mali voisin fonctionne de façon moins structurée, avec une représentation féminine quasi nulle. Un seul nom, celui d’Ami Yerewolo, pour défendre la cause des femmes. Douze ans que cette artiste au discours acéré est tombée dans le grand chaudron du rap, d’abord en cachette, puis à visage découvert et aujourd’hui de façon ostentatoire. Il y a tout juste une semaine, Ami Yerewolo a fait paraître son premier album international, AY, produit et dirigé par l’artiste camerounais basé en France Blick Bassy, sur son tout nouveau label Othantiq.

Un petit bijou dans lequel elle se distingue pas son flow en bambara percutant et sa capacité à poser sa voix sur des bandes-sons inédites. Réalisé à distance pendant l’événement, AY est le fruit d’allers et retours incessants entre la France, où Blick Bassy orchestre une trame de musique urbaine et dansante, et Bamako, où Ami pose ses diatribes en studio. «C’est vrai que les musiques que me proposait Blick étaient très différentes de celles sur lesquelles j’avais rappé jusque-là, mais il y avait chaque fois une base d’instruments traditionnels à laquelle je pouvais m’accrocher, explique-t-elle. J’avais l’impression que les textes venaient tout seuls.»

Des textes engagés à l’instar de ce premier single, Je gère, qui malmène quelque peu les us et coutumes africains où chefs de village ou de quartier, oncles et autres aînés en tous genres ont l’autorité et le droit de se mêler de tout. «Moi je m’assume seule depuis des années et je leur dis: mêlez-vous de vos oignons!» reprend la rappeuse au bout du fil. Grande avocate de la cause des femmes, son «combat» depuis plusieurs années, Ami Yerewolo se positionne un peu différemment sur cet album où elle traite de problèmes de la société et de son évolution personnelle (le très beau Doussou Souma).

«Je ne veux plus me poser en victime. Ce n’est bien sûr en aucun cas une critique envers les femmes qui ont subi des violences sexuelles et qui en souffrent toujours. Mais je veux désormais montrer l’image d’une femme forte, qu’on ne peut pas abuser.» Et ce ne sont pas que des mots puisque Ami gère également un festival, Le Mali a des rappeuses, et prévoit d’ouvrir un centre culturel qui formerait des femmes à développer leur créativité et leur business model dans le domaine des cultures urbaines. Respect.

Ouverture

fr-ch

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

https://letemps.pressreader.com/article/281904481050463

Le Temps SA