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Malgré les bisbilles, la Patrouille des glaciers aura lieu en 2022

GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

L’association de soutien et de gestion de la mythique course suspend sa collaboration avec l’armée à moins d’une année de la prochaine édition. Au risque d’être fragilisée si la version 2022 de la compétition, organisée par les militaires, s’avère une réussite

Si ce n'est pas encore un divorce, ça y ressemble grandement. Après une première suspension de la collaboration entre l'armée et l'association de soutien et de gestion de la Patrouille des glaciers (ASPdG), rebelote. Mais cette fois-ci c'est l'ASPdG qui claque la porte. Dans la tourmente depuis le mois de novembre, l'association annonce, ce vendredi, qu'elle suspend sa collaboration avec le Département fédéral de la défense (DDPS).

Dans un communiqué pointant notamment du doigt «le refus de collaboration» du commandant de la course Daniel Jolliet, l'ASPdG – créée en 1995 et chargée notamment du marketing et du sponsoring de la course – assure que «le refus du DDPS de mettre en place un mécanisme de résolution des conflits est le signe avant-coureur de l'échec inéluctable du travail en commun des deux parties». La suspension annoncée pourrait se transformer en résiliation pure et simple de la convention qui lie la Confédération et l'ASPdG. Les membres de l'association se prononceront à ce sujet à la mi-juin.

Du côté du DDPS, la surprise est de mise. Le département estime avoir satisfait à la demande de l'ASPdG concernant la mise sur pied d'un mécanisme de médiation, en proposant une personne de contact autre que le commandant Jolliet. Pour le DDPS, l'attitude de l'ASPdG découle du fait qu'elle ne souhaite pas satisfaire à ses exigences «en matière de transparence, de traçabilité et de contrôle des comptes».

Dans la tourmente

Il faut dire que l'association est dans la tourmente depuis de nombreux mois et les révélations de la presse concernant des soupçons d'enrichissement illégitime des cinq membres de son comité. Les revenus et les frais de ces derniers pour les années 2017 et 2018 ont avoisiné les 900000 francs.

Mais la question qui taraude aujourd'hui les férus de ski-alpinisme réside dans la tenue ou non de l'édition 2022 de la mythique course, qui relie Zermatt à Verbier. Sur ce point-là, tous les acteurs sont au diapason. «La préparation de l'édition 2022 continue, la course aura lieu et les inscriptions ouvriront au 1er septembre», assure Daniel Jolliet.

L'armée sera donc seule à l'oeuvre pour mettre sur pied cette prochaine édition. Si ce devait être une réussite, malgré l'absence de l'ASPdG, les détracteurs de l'association auraient la preuve que son rôle n'est pas essentiel à la tenue de la course. Alors, n'est-ce pas une balle dans le pied que vient de se tirer l'ASPdG en suspendant sa collaboration avec l'armée? Porte-parole de l'association, Marc Comina assure que non. «Il faut espérer que cette crise puisse au moins servir à déclencher une vaste réflexion visant à réinventer l'organisation de la course, qui n'est plus militaire mais populaire, pour la pérenniser. L'association ne détient pas la solution de cette équation. Si la formule de 2022, recentrée sur la course sans la dimension de fête populaire que l'on a connue durant les dernières éditions, devait se révéler satisfaisante aux yeux de l'armée, du canton et de la population, l'association ne pourrait que s'en réjouir et consacrer alors son énergie à d'autres projets.»

Les deux visions de cette course semblent irréconciliables, mais les deux parties tenteront néanmoins une nouvelle fois de trouver un terrain d'entente. Elles ont accepté l'invitation du ministre valaisan des Sports, Frédéric Favre, pour en discuter dans le but «d'assurer la tenue des éditions futures de la Patrouille des glaciers dans les meilleures conditions».

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2021-05-08T07:00:00.0000000Z

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