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Attention à une «surveillance étatique», avertit CH++

ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

L’association nouvellement créée avertit des risques des systèmes centralisés des données, comme ce que prévoit Berne pour les clients des restaurants. Le débat sur l’app SwissCovid est aussi relancé

C’est un avertissement très clair que vient d’adresser l’association CH++. L’organisation ayant pour but que la Suisse passe à la vitesse supérieure en matière de numérisation a publié jeudi une prise de position sur les systèmes de traçage des contacts. CH++ affirme que, sans la création de garde-fous, le risque d’une surveillance étatique existe dans le domaine du traçage de contacts, notamment dans les restaurants.

L’association, créée notamment par l’épidémiologiste Marcel Salathé, s’intéresse particulièrement à ce qui se passe à Berne. Comme Le Temps l’expliquait la semaine passée, ce canton a décidé que, dès lundi prochain, le 10 mai, «les informations de contact des visiteurs des restaurants seront transférées directement dans une base de données centrale du canton via les applications d’enregistrement». Cette centralisation est la pire des idées, selon CH++. «Comme toutes les données sont stockées en un seul endroit, le risque de perte catastrophique de données (par exemple en cas de piratage) est énorme. Une utilisation ultérieure des données à d’autres fins reste possible à tout moment», avertit l’association.

«D’autres fins de surveillance»

CH++ juge que «l’expérience d’autres pays montre que les infrastructures numériques sans transparence ni décentralisation peuvent au fil du temps être facilement utilisées à d’autres fins de surveillance». L’association regrette qu’il n’y ait «toujours pas de feuille de route claire de la part de la Confédération», laissant «un vide numérique dans lequel s’engouffrent désormais divers cantons et applications».

Que propose CH++? D’utiliser l’application actuelle SwissCovid pour effectuer un traçage décentralisé de contacts lors d’événements. Cette app, qui compte 1,8 million d’utilisateurs, pourrait ainsi être fusionnée avec une autre solution, développée elle aussi à l’EPFL: il s’agit de NotifyMe Check-in, qui permet de s’enregistrer lors de la participation à un événement, et d’être alerté si une personne ayant assisté à la même manifestation a ensuite été testée positive.

SwissCovid en question

Le soutien de CH++ à SwissCovid n’est pas surprenant, Marcel Salathé ayant été associé à sa création. Le soutien à cette application n’est cependant pas unanime. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour regretter l’absence de chiffres précis sur son utilité et demander davantage de transparence. Ces chiffres sont difficiles, voire impossibles à obtenir, du fait de sa structure décentralisée. Ces voix critiques regrettent aussi que beaucoup d’énergie ait été injectée pour SwissCovid au détriment d’autres solutions, justement du type de NotifyMe Check-in.

Désormais, CH++ demande à la Confédération «de mettre fin à ce chaos» d’applications cantonales disparates et de «présenter une feuille de route claire pour SwissCovid». Cette demande de clarification intervient dans un contexte particulier: ces prochains jours, le débat sur l’utilisation et l’utilité du certificat covid devrait en parallèle prendre beaucoup d’ampleur.

Economie & Finance

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2021-05-08T07:00:00.0000000Z

2021-05-08T07:00:00.0000000Z

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